Encore de belles 24 Heures du Mans

Et voilà, c’est terminé pour cette année. Les 24 Heures du Mans 92e du nom sont les dignes héritières de l’édition du centenaire, l’an dernier, qui a déjà été une folie furieuse.

Ce plateau absolument incroyable de quatorze constructeurs, dont neuf en Hypercar, augurait presqu’obligatoirement d’une course folle. Et elle l’a été sans conteste possible.

Le départ et les premières heures se sont résumées à un combat absolument homérique entre cinq constructeurs : Porsche, au départ grand favori depuis la pole position, Cadillac, Ferrari, Toyota et même la surprenante Alpine.

La pluie est venue brouiller toutes les cartes et c’est là que le plateau s’est scindé entre les favoris et les éliminés. Ferrari avait trois pions sur son échiquier, dont la N°83 « privée » qui, sans son abandon dimanche matin, aurait certainement eu son mot à dire pour le sprint final.

Et finalement, contrairement à Imola, Ferrari a parfait sa partition dans des conditions délicates pour emmener ses deux voitures officielles sur le podium. Il ne faut pas oublier de mentionner Toyota qui semblait avoir toutes les cartes en main pour enfin vaincre au Mans. D’autant que la marque avait fait une remontée fantastique, sans aucune voiture en Hyperpole.

Mais les Japonais, avec les N°7 et N°8, sont toujours maudits dans la Sarthe quand la concurrence d’usine est là. Et c’est une nouvelle 2e place qu’il faudra digérer pour le constructeur, qui a tenu le WEC a bout de bras durant les années de vaches maigres.

Les petits nouveaux : satisfaits ou malheureux

Deux équipes ont été surprenantes de fiabilité et même de régularité. A commencer par le Petit Poucet de l’Hypercar, Isotta Fraschini, qui a connu une course sans accroc et l’a terminée. Une belle réussite pour ce projet Tipo 6 LMH, qui joue dans une division bien inférieure aux autres mastodontes.

Et puis, Lamborghini, qui connaît des débuts compliqués, a débloqué son compteur de points au bout de cette 4e manche de la saison, avec la N°63. La firme au taureau a réalisé une course sage, propre et rondement menée, en se concentrant sur elle-même.

Les autres marques « débutantes » en Hypercar ont bu la tasse, pour des raisons diverses : Alpine a perdu ses deux A424 en l’espace d’une heure, samedi soir, quand BMW a été déplumé par des accidents. Fortunes diverses.

Les déceptions

Porsche et Cadillac avaient, sur le papier, les cartes en main pour remporter la timbale cette année. En particulier le constructeur allemand, qui arrivait au Mans en tête du championnat pilotes et constructeurs. Et avec six voitures, aucune d’entre elles n’est arrivée sur le podium.

La Porsche N°6 auteur de la pole, comme les cinq autres, n’a pas été vernie par les conditions météo et les tentatives de décalage de stratégie. Le rythme a été plus irrégulier, malgré une bonne pointe de vitesse.

La déception BMW a été palpable, puisque les M Hybrid V8 ont été surprenantes cette année. Mais il s’agit d’un jeune projet, qui demande à ses troupes d’acquérir l’expérience inhérente à la réussite. Les deux Hypercar ainsi que la LMGT3 N°46 ont été balayées : la seule réjouissance pour Vincent Vosse, patron de WRT, a été cette N°31 qui finit 2e, à un tour de la Porsche Manthey EMA victorieuse. Cela vaut pour Valentino Rossi, qui va devoir retenter sa chance l’année prochaine.

Les Iron Dames ont terminé 5e, alors qu’un podium était possible. L’adaptation de Sarah Bovy, Michelle Gatting et Rahel Frey (en l’absence de Doriane Pin) à la Lamborghini Huracan se fait doucement et les féminines ont fait une belle course.

Enfin, comment ne pas parler de Peugeot, avec les deux 9X8 ? Il était attendu que repartir d’une feuille blanche cette année allait compliquer les choses pour le Lion. Le Mans aurait pu être une terre de rédemption, en souvenir de la belle épopée de la N°94 sans aileron.

Mais il n’en a rien été : la fiabilité a été au rendez-vous, mais pas la performance. La N°94 termine aux portes des points (11e), battue par Lamborghini, qui a fait sa première entrée en prototype au Mans.

Encore plus fou que fou l’année prochaine ?

Le Mans 2025, si tout va bien, devrait accueillir tous les constructeurs déjà présents, plus un autre : Aston Martin, qui viendra à contre-courant des autres, avec une voiture dérivée de la série (la Valkyrie) et qui fera chanter un V12 atmosphérique de 6,5L. De quoi ravir les puristes. Sans compter que les LMGT3 ont assuré un beau spectacle, comme un avant-goût de ce qui attendra le public aux 24 Heures de Spa, qui fêtent leurs 100 ans cette année.

Le centenaire avait été complètement fou, de bout en bout et cette 92e édition incroyablement indécise et encore plus disputée. L’endurance et Le Mans vivent une nouvelle époque bénie avec ces nouvelles catégories et ont offert aux 350 000 spectateurs un spectacle absolument grandiose.

La nuit passée sous Safety Car a fait parler et ronchonner, en balayant les perspectives d’une nuit de folie. Mais la fin a bien rattrapé ce passage et augure d’une 93e édition dingue à en perdre la tête. Merci Le Mans !

Le résultat des 24h du Mans :