Scandales, crashs et l’adieu d’un sourire : 7 faits marquants du Grand Prix de Singapour

Le Grand Prix de Singapour fait son retour ce week-end sur le tracé urbain de Marina Bay. Depuis son entrée au calendrier en 2008, cette course nocturne a donné lieu à certains des épisodes les plus marquants de la Formule 1. Scandales retentissants, bourdes monumentales, incidents qui auraient pu mal finir : en voici sept qui continuent de définir ce rendez-vous singulier.

1. 2008 : Le scandale Crashgate

Impossible d’évoquer la première édition du Grand Prix de Singapour sans parler de l’un des plus gros scandales qu’ait connus la F1. Au 14ᵉ tour, Nelson Piquet Jr. envoie sa Renault dans les barrières. Sauf qu’il ne s’agit pas d’une simple faute de pilotage, en effet c’était voulu. Sur ordre de son équipe.

La voiture de sécurité qui en découle tombe à pic pour Fernando Alonso. L’Espagnol, qui s’était élancé de la 15ᵉ place, avait fait son arrêt très tôt dans la course. Après le passage général aux stands, il se retrouve leader. Et il gagne, dans ce qui ressemblait alors à un coup de génie stratégique.

La supercherie n’a été dévoilée qu’un an après. Piquet Jr. balance tout : le directeur d’équipe Flavio Briatore et le directeur technique Pat Symonds lui ont demandé de provoquer cet accident. L’enquête de la FIA confirmera. Renault reconnaît alors les faits. Briatore et Symonds se font exclure pour plusieurs années. Aujourd’hui encore, ce coup monté reste une des pages les plus sombres du sport.

L’affaire a d’ailleurs connu un nouveau rebondissement en 2023. En effet, Massa a intenté une action en justice contre la FIA, la FOM et Bernie Ecclestone pour obtenir réparation, demandant environ 70 millions d’euros de dommages et intérêts.

2. 2008 : Le cauchemar de Massa aux stands

Ce même Grand Prix réserve aussi un scénario cauchemardesque à Felipe Massa. Le Brésilien mène tranquillement avant que la voiture de sécurité ne sorte à la suite au crash de Piquet. Lors de son passage aux stands, Ferrari commet l’impensable : ils le relâchent alors que le tuyau de ravitaillement pend encore à sa voiture.

Massa repart avec le tuyau et une partie du matériel qui traînent derrière lui dans la voie des stands. Ses mécaniciens lui courent après pour tout arracher. Le temps qu’il perd le fait dégringoler au fond du classement. Et comme si ça ne suffisait pas, Ferrari le libère une deuxième fois de façon dangereuse devant Adrian Sutil, ce qui lui vaut une pénalité supplémentaire.

Il finit 13ᵉ, lui qui dominait la course. Ces points perdus pèseront lourd dans son duel pour le titre avec Lewis Hamilton. En fin de saison, il manque un point. Un seul. L’erreur de Singapour n’explique pas tout, mais elle a compté.

3. 2012 : Schumacher percute Vergne

Michael Schumacher effectuait alors son retour chez Mercedes. Au 39ᵉ tour du Grand Prix de Singapour 2012, il roule derrière la Toro Rosso de Jean-Éric Vergne. Au freinage, l’Allemand lui rentre dedans par l’arrière. Les deux monoplaces décollent dans une explosion de fibre de carbone avant de finir dans l’échappatoire.

Schumacher assume tout de suite et présente ses excuses à Vergne. Il explique avoir mal évalué le freinage de sa voiture avec des gommes encore froides après le passage de la voiture de sécurité. Les commissaires lui collent un recul de dix places sur la grille au Japon. Pour un pilote de ce calibre, cette faute inhabituelle a fait jaser dans le paddock.

4. 2013 : Le Singapore Sling, le virage le plus détesté

Jusqu’en 2013, le circuit de Marina Bay comportait une chicane au virage 10 surnommée « Singapore Sling ». Cette succession serrée gauche-droite-gauche était bordée de hauts vibreurs. Les pilotes devaient freiner sec après une courte ligne droite avant de s’engouffrer dans cette section étroite.

La moindre erreur de trajectoire envoyait les voitures sur les vibreurs, qui les projetaient en l’air. Giancarlo Fisichella, Adrian Sutil et Kamui Kobayashi ont tous connu des décollages spectaculaires à cet endroit. Lewis Hamilton l’a qualifié de pire virage qu’il ait jamais pris en Formule 1. Et rappelons qu’à l’époque, le Halo n’existait pas, ce qui rendait ces envols franchement dangereux.

La chicane a disparu pour l’édition 2013, remplacée par un virage à gauche plus rapide et plus fluide. Les vibreurs ont été retirés, une barrière Tecpro installée pour absorber les chocs. Personne ne l’a regretté.

5. 2016 : Le commissaire sur la piste

En 2016, on a frôlé le drame. Après un accrochage de Nico Hülkenberg au premier tour, la voiture de sécurité intervient. La course reprend au troisième tour, mais un commissaire de piste se trouve encore sur le tracé, occupé à ramasser des débris.

Un responsable local l’avait envoyé récupérer un bout de la monoplace accidentée après que le contrôle de course ait donné le feu vert pour la reprise. Les voitures menées par Nico Rosberg arrivent déjà à fond quand le commissaire, en combinaison orange fluo, traverse la piste en courant. Il atteint le bord de justesse, quelques mètres devant la Mercedes de Rosberg.

L’enquête de la FIA révèle que ses propres procédures ont été suivies, mais mal appliquées par le directeur de course et son équipe. L’incident met en lumière les problèmes de coordination entre les différents niveaux de contrôle sur ce type de circuit urbain.

6. 2017 : Le chaos du départ sous la pluie

Le GP 2017 part en vrille avant même le premier virage. La piste est humide au départ. Sebastian Vettel s’élance en pole, Max Verstappen le talonne en deuxième position et prend un meilleur envol. Kimi Räikkönen jaillit aussi rapidement depuis l’intérieur de la grille.

Vettel ne voit pas son coéquipier et se rabat agressivement à gauche pour couper la route à Verstappen. Räikkönen se retrouve coincé entre les deux. Le contact est inévitable. Les trois voitures se touchent et Räikkönen percute Verstappen de plein fouet au premier virage. La Ferrari de Vettel, abîmée, essaie de continuer mais abandonne quelques courbes plus loin après avoir perdu de l’huile et tourné dedans.

Lewis Hamilton, qui s’élançait cinquième et espérait juste limiter la casse sur un circuit où Ferrari était favorite, hérite de la tête après avoir évité le carambolage. Il gagne sans être inquiété. Vettel menait le championnat de trois points avant Singapour. Il en repart avec 28 points de retard. Cette course a basculé la saison 2017.

7. 2024 : Le dernier tour de roue de Ricciardo

Le Grand Prix de Singapour 2024 fut le dernier départ en carrière de l’Australien Daniel Ricciardo. Les rumeurs de son remplacement, chez Racing Bulls, par Liam Lawson couraient depuis des semaines, et le week-end, difficile, avait toutes les allures d’un au revoir.

Malgré une performance globale décevante et un départ en 16ᵉ position, l’octuple vainqueur de Grand Prix a offert un dernier coup d’éclat qui a ému les fans. En fin de course, l’équipe RB l’a fait rentrer aux stands pour chausser des pneus tendres neufs et tenter le meilleur tour en course.

Ricciardo s’est alors lancé pour un tour ultra-rapide et a réussi à établir le meilleur temps absolu de la course. Il a arraché le point du meilleur tour à Lando Norris, l’aidant ainsi (indirectement) dans la bataille pour le titre de son ancienne écurie, Red Bull. Après la course, l’Australien visiblement ému est resté un long moment assis dans son cockpit, savourant cet ultime moment de sa carrière en F1.

Quelques jours plus tard, la nouvelle de son remplacement par Lawson pour le reste de la saison était officialisée, faisant de cette performance nocturne son dernier acte en Formule 1.