Quand Ligier était en mesure de se battre pour les championnats du monde

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Ligier était un concurrent sérieux pour la victoire. Et se positionnait parfois pour le titre de champion du monde. À deux reprises, l’écurie aurait pu, aurait dû être titrée.

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Jacques Laffite était un concurrent sérieux pour le titre en 1981.
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Une formation 100% française. Presque inimaginable aujourd’hui. Et pourtant, dès 1976 une écurie discrète mais sérieuse faisait son arrivée en championnat du monde : Ligier. Après une période plutôt bonne en endurance et une deuxième place aux 24 Heures du Mans en 1975, la marque fondée par Guy Ligier a pris la direction de la Formule 1. Une petite trentaine d’hommes travaillaient sur ce projet. On est bien loin des centaines d’employés des structures modernes.
Un moteur Matra V12 de feu. Un Jacques Laffite en pleine ascension. Des ingénieurs de renoms, parmi les meilleurs que la France ait connus… Et une alchimie qui a vite pris. Pourtant, de nombreux observateurs portaient un regard critique sur le nouveau venu, d’autant plus qu’une seule voiture était engagée. Mais, rapidement, Ligier a calmé du monde. Monza, 1976. Jacques Laffite a claqué la pole position devant les tifosi. Incroyable. « On a fait taire pas mal de sceptiques », se souvient Michel Beaujon, qui a travaillé sur la plupart des monoplaces de l’écurie.

Une victoire sans Marseillaise

Au fil des courses, la voiture est devenue de plus en plus compétitive. Même si elle était loin des meilleures en 1977, le pilote maison a réalisé l’un des plus grands exploits de sa carrière en Suède. Alors qu’il n’était pas à l’aise avec sa Ligier, à tel point qu’il la considérait comme « une poubelle », l’équipe s’est mise au travail. Gérard Ducarouge, a trouvé la solution et a métamorphosé la monoplace. Du milieu de la grille, elle est devenue la voiture la plus performante. Alors certes, Jacques Laffite a été aidé par l’abandon tardif de Mario Andretti, qui était en tête, mais ce jour-là, le Parisien a réalisé une magnifique prestation. « Là on a fait taire l’autre moitié des mauvaises langues. »
Une victoire 100% française. Personne ne s’y attendait. Pas même les organisateurs qui n’avaient pas prévu La Marseillaise. Pour la petite histoire, elle a quand même résonné à Anderstop à travers les cordes vocales du vainqueur du jour. Le retour dans la capitale française a été mouvementé : il fallait bien célébrer ce succès historique. Et quand on connaît l’amour de Jacques Laffite pour les soirées à cette époque…
Des hauts, des bas… L’équipe tâtonne. Mais parvient à trouver des solutions. Pour 1979, l’écurie a pris une décision radicale : engager deux voitures. « Jacques était contre, il pensait qu’il fallait se concentrer que sur une seule monoplace. Mais au final, il s’est rendu compte que ça le boostait, que ça l’obligeait à être encore meilleur », confie Michel Beaujon. Surtout quand le voisin de garage s’appelle Patrick Depailler. Le Clermontois, après une belle période chez Tyrrell et une victoire de prestige à Monaco, arrivait en pleine forme. Son talent de metteur au point a été mis à contribution. Et au volant d’une merveille signée Gérard Ducarouge, la wing-car, Ligier a mis tout le monde d’accord : victoire en Argentine, doublé au Brésil, victoire en Espagne…

En route pour le titre

Cette année, l’équipe était crainte de tout le monde. Mais Ligier a connu plusieurs coups durs : l’arrêt brutal de Patrick Depailler qui est allé se briser les jambes après une sortie de deltaplane sur les pentes du puy de Dôme et l’usure prématurée des jupes de la voiture… « On se rend compte trop tard de la déformation de certaines pièces vitales pour l’effet de sol. Les autres écuries avaient aussi copié ce que l’on avait fait. » Frustrant, mais cela montre la montée en puissance des Bleus. Pour preuve, en 1980, c’est une place de vice-champion du monde qui attendait la structure basée à Magny-Cours.

Puis vient cette épopée de 1981. Ici, le meilleur a côtoyé le plus étrange. Malgré des résultats brillants, Guy Ligier a décidé de virer l’ingénieur phrase de l’équipe, Gérard Ducarouge. Un véritable mystère et une incompréhension pour ce monde de la Formule 1. Mais peu importe, après un début d’année catastrophique, les succès et les podiums sont vite arrivés. « Une nouvelle règle avait été imposée pour limiter l’effet de sol. En rentrant dans les stands, les voitures devaient passer sur une planche haute de 6cm, elles passaient toutes le test, mais à la sortie on les voyait se baisser. Guy refusait qu’on fasse la même chose, mais face aux résultats, il a cédé. » Jacques Laffite s’est alors invité sur la plupart des podiums. À tel point, qu’il était en mesure d’être sacré lors de la dernière course, à Las Vegas.

Le déclin

Mais des erreurs stratégiques et un rythme inférieur aux concurrents, lors de l’ultime épreuve, l’a finalement classé à la quatrième place du championnat. « Cette année, on aurait vraiment dû être champions. Tout le monde nous pointait du doigt, car selon eux, on aurait perdu le titre à la dernière course. Mathématiquement, c’est vrai. Mais dans la réalité, c’est l’enchaînement de zéro au début de saison qui a coûté cher. »

1981 a été la dernière saison fructueuse de Ligier. L’équipe a ensuite eu plus de mal et les bons résultats ont été plus difficiles à aller chercher. En face, les Ferrari, McLaren, Benetton, Williams ont tous produit des merveilles technologiques. Les Bleus ne pouvaient plus rivaliser. Seule la victoire d’Olivier Panis a fait exception. Puis Ligier a été rachetée par Alain Prost.

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