La signature de l’Accord Concorde attend la FIA
Alors que la F1 a annoncé avec fierté la semaine dernière avoir obtenu la signature des 11 équipes, y compris la nouvelle venue Cadillac, pour le volet commercial de l'Accord Concorde 2026-2030, la FIA tarde à signer la partie gouvernance, laissant naître de vives tensions entre les parties prenantes.
L’annonce de la F1 durant le Grand Prix d’Australie était une rupture avec la tradition. Habituellement, les annonces liées à l’Accord Concorde ne sont faites qu’une fois les deux volets, commercial et gouvernance, finalisés. Mais en rendant public l’accord commercial sans attendre la signature du volet gouvernance, la Formula One Management (FOM) semble avoir adopté une tactique de négociation visant à mettre la pression sur la FIA.
Un président de la FIA qui demande davantage
Au cœur de cette impasse se trouve Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA, dont le style de leadership fait l’objet de critiques, notamment de la part de David Richards, président de Motorsport UK. Ben Sulayem cherche à renforcer la position de la FIA dans l’écosystème de la F1, notamment en obtenant une part financière plus importante.
En effet, le président de la FIA militerait pour un financement démultiplié, prétextant que l’augmentation de la charge de travail et des responsabilités de l’organisation nécessite des ressources financières supplémentaires. De plus, il justifie cela par la nécessité d’investir dans certains aspects réglementaires, comme la professionnalisation des commissaires de course : « Je le répète sans cesse : les commissaires ne poussent pas sur les arbres. Il faut du temps pour les former, du temps pour les entraîner. Ensuite, on les fait évoluer, c’est tout un programme », avait déclaré Ben Sulayem l’année dernière. Certaines équipes, comme McLaren, s’étaient d’ailleurs exprimées en faveur d’une telle mesure et prêtes à contribuer financièrement via des frais d’inscription plus élevés si cela permettait d’améliorer le professionnalisme de la discipline.
Une restructuration de la gouvernance en jeu
Au-delà des questions financières et de la gestion des nouvelles équipes, des désaccords continuent de prendre de l’ampleur sur l’élaboration des règlements techniques et sportifs de la F1. La FIA, en tant que gestionnaire de la réglementation, souhaite asseoir une plus grande part d’autorité sur ces décisions pour garantir l’égalité, la sécurité et la continuité de la discipline reine.
La FIA voudrait aussi que l’Accord Concorde intègre des dispositions plus claires concernant l’arrivée potentielle d’une douzième équipe. L’objectif est d’éviter de revivre les complications et les controverses qui ont entouré la candidature d’Andretti, garantissant ainsi une procédure plus transparente et équitable pour les nouveaux entrants. À l’avenir, il est suggéré que les frais de dilution pour une éventuelle 12e équipe pourraient atteindre 600 millions de dollars, un point que la FIA souhaiterait voir clarifié dans l’Accord.
Un rapport de force qui penche en faveur de FOM
Le timing de l’annonce de la F1 concernant l’accord commercial pourrait être interprété comme une manœuvre stratégique. En montrant que toutes les équipes sont déjà à bord, la FOM affaiblit la position de négociation de la FIA, qui pourrait avoir espéré que l’absence d’accord avec les équipes lui donnerait un levier plus important.
Avec l’expiration quasi imminente du pacte de gouvernance actuel, une signature rapide est impérative pour la FIA. En effet, si les parties ne trouvent pas un terrain d’entente avant le début de l’année 2026, seule l’instance dirigeante du sport automobile en subira les conséquences. Dans ce cas, les dispositions de l’Accord Concorde précédent seraient reconduites, ce qui signifierait qu’il n’y aurait pas de revenus supplémentaires pour l’instance. Toutefois, le projet serait actuellement entre les mains des juristes de la FIA, et une signature pourrait intervenir « bientôt ».