Tensions entres pilotes et FIA : une réunion constructive tenue au Qatar

Dans un contexte marqué par des tensions entre pilotes et commissaires, la réunion s’est tenue sous la houlette de Garry Connelly, président des commissaires sportifs de la FIA. Cet échange, inédit par son intensité et sa portée, avait pour but de clarifier les directives encadrant les manœuvres de dépassement et de promouvoir un équilibre entre spectacle et sécurité. « Les pilotes ont été extraordinaires dans leurs commentaires », a déclaré Connelly, qui a salué l’absence de conflits ou de critiques acerbes. Une tonalité constructive, en rupture avec les récents reproches de George Russell, qui avait exprimé sa frustration face à des décisions qu’il jugeait incohérentes et parfois injustes.

« La réunion a été la plus productive à laquelle nous ayons jamais assisté », a admis Connelly. « Ils ont été très constructifs. Il n’y a eu aucun commentaire négatif. Personne n’a pointé du doigt. C’était très inspirant de voir les meilleurs chauffeurs du monde communiquer clairement et parler de manière constructive de la façon dont nous pouvons améliorer les directives sur les normes de conduite au profit des chauffeurs et pour faciliter notre travail à tous . »

Le dialogue s’est articulé autour des attentes des pilotes concernant les standards de conduite. Connelly a rappelé que les règles doivent être appliquées de manière équitable pour tous : « En tant que commissaires, notre rôle n’est pas de punir les pilotes. Nous sommes là pour garantir un terrain de jeu équitable. Ce n’est pas nous contre les pilotes, mais les pilotes entre eux, et notre mission est de nous assurer que chacun bénéficie des mêmes chances. »

Cette déclaration vise à apaiser les tensions, alors que des incidents survenus cette saison, notamment lors des Grand Prix des États-Unis et du Mexique, ont alimenté les débats sur l’impartialité des commissaires.

Revoir les fondamentaux des techniques de pilotages en F1

Un autre point crucial de cette réunion concernait l’évolution des directives de pilotages, ces règles qui fixent les normes de pilotage. Chaque année, ce document est ajusté pour mieux refléter les réalités de la compétition et les retours des pilotes. Elle favorisent désormais le défenseur qui peut agir de manière à bloquer un pilote, parfois un peu trop au goût de certains pilotes.

Les discussions avec les commissaires ont permis d’évoquer le sujet : « Nous avons une politique de porte ouverte. La porte de la salle des commissaires est toujours ouverte à tout pilote qui souhaite discuter avec nous d’une décision, qu’elle le concerne directement ou qu’elle concerne un autre pilote. La réunion de jeudi a clairement mis en avant cette politique de porte ouverte. »

« Les directives de conduite sont un document vivant. Chaque année, en tant que commissaires de la F1, nous essayons de rencontrer les pilotes, les directeurs sportifs et les représentants de la FIA pour voir s’il est nécessaire d’ajuster les directives, en tirant parti de l’expérience des 12 derniers mois, et pour trouver des améliorations permettant de garantir la cohérence. Le but des directives est la cohérence. »

« En tant que commissaires, si les pilotes, les équipes et la FIA souhaitent des règles ou des directives permettant une conduite plus agressive, nous appliquerons ces règles ou directives. De même, s’ils souhaitent des standards de conduite plus stricts, nous les appliquerons », a précisé Connelly. Ce processus d’adaptation semble répondre directement aux critiques formulées par Russell, qui avait appelé à une approche plus cohérente face aux incidents de course.

Organiser des réunions dès qu’il y a besoin

Tim Malyon, directeur sportif de la FIA pour les monoplaces, a souligné l’importance de ces échanges réguliers. Les discussions menées au Qatar s’inscrivent dans la continuité de réunions similaires tenues à Austin et Mexico.

« Nous avons eu des réunions très constructives avec les pilotes lors des dernières courses, et cette réunion spécifique a été organisée pour offrir un espace permettant de poursuivre ce dialogue ouvert, afin que nous puissions échanger librement avec les pilotes et ainsi faire évoluer les directives pour l’année prochaine », a ajouté Malyon.

« Habituellement, nous organisons ce type de réunion une à deux fois par an, en fonction des sujets qui émergent. Cette année, nous avons programmé cette réunion après les discussions constructives qui ont eu lieu à Mexico et Austin. »

Cette démarche proactive montre la volonté de la FIA de répondre aux attentes d’un paddock de plus en plus exigeant lié également aux rapprochements des performances entre les équipes qui rendent les duels et les tentatives de dépassements plus régulières désormais qu’il y a quelques années, au bénéfice du spectacle.

Limiter la possibilité des pilotes de sortir hors de la piste

La question des circuits a également été abordée, notamment les aménagements liés aux zones de dégagement. Sur certains circuits, notamment ceux aménagés pour la MotoGP et la F1, les zones de dégagements sont entièrement bitumées, permettant aux F1 de déborder des limites de piste sans aucune crainte de perdre l’adhérence.

Pour contrer ce phénomène, des techniques de détection de dépassement des limites ont été mis en place par la FIA, rendant les sanctions très artificielles, car le tour d’un pilote pouvait être annulé sans que visuellement l’écart du circuit soit marqué. Le deuxième problème généré par ces dégagements, est la possibilité de doubler hors des limites de piste, provoquant parfois des protection plus dangereuses que si les pilotes étaient en bataille sur un circuit urbain par exemple, où les limites sont marquées par des murs.

Cette année, des graviers ont été ajoutés sur plusieurs tracés, comme en Autriche et au Qatar, pour mieux gérer les limites de piste et encourager des dépassements plus maîtrisés. « Les retours des pilotes sur ces évolutions sont essentiels pour poursuivre ce travail », a indiqué Malyon.

« Comme nous l’avons fait cette année, nous avons introduit des bacs à gravier, en commençant par l’Autriche, et évidemment, ce week-end est peut-être le plus évident avec des bacs à gravier ajoutés à plusieurs endroits. Nous continuons de collaborer avec les circuits sur tous les sujets, mais il a été très utile lors de la réunion d’hier d’obtenir les retours des pilotes et de voir comment ils priorisent le concept des bacs à gravier, non seulement pour les limites de piste, mais aussi pour gérer certaines situations qui se sont présentées avec les dépassements au cours des quatre ou cinq dernières courses. En résumé, il y a eu un engagement à travailler ensemble pour trouver des solutions qui conviennent à tout le monde », a conclu Malyon.

Ces modifications s’inscrivent dans une logique de sécurité accrue, mais elles soulèvent aussi des questions sur leur impact sur le style de pilotage.

Enfin, la réunion a mis en avant le programme de haute performance de la FIA, destiné à former une nouvelle génération de commissaires. « Ce programme est essentiel pour garantir des décisions de qualité et une diversité accrue parmi les officiels », a souligné Connelly, citant les efforts réalisés pour intégrer davantage de jeunes talents et de femmes dans ces rôles. Ce projet traduit une volonté de modernisation dans une discipline souvent critiquée pour son manque d’évolution sur le plan humain.