L’abandon du moteur Renault en F1 est « un vrai déchirement » pour Mecachrome

Dans un entretien exclusif qu'il nous a accordé, Christian Cornille, PDG de Mecachrome, est revenu sur l'arrêt du moteur Renault en Formule 1 pour 2026. Une nouvelle qui a anéanti l'ensemble de ses équipes, mettant fin à une collaboration avec le motoriste français qui dure depuis plus de trente ans. Le groupe aimerait prospérer en F1, mais l'annonce tardive de Renault n'est pas de bon augure.

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L’abandon du moteur Renault en F1 est « un vrai déchirement » pour Mecachrome

L’annonce survenue en ce dernier jour de septembre en a chamboulé plus d’un. Avec l’officialisation de l’arrêt de la production de son moteur pour la Formule 1 en 2026, le groupe Renault tourne une page de son histoire, au plus grand regret de ses salariés de Viry-Chatillon et de fans de Formule 1, sans oublier d’autres personnes concernées. Travaillant de pair avec le motoriste français depuis plus de trente ans, Mecachrome voit cette collaboration prendre fin brutalement.

Enchaînant les réunions depuis, Christian Cornille, PDG de cette entreprise spécialisée dans l’aéronautique, l’aérospatiale et l’automobile, nous a accordé de son temps pour évoquer la décision de la marque au losange. « Voir cette séquence se terminer aujourd’hui nous procure beaucoup d’émotions et un sentiment de déchirement », nous confie-t-il. Une trentaine de ses salariés se consacraient chaque année au montage, aux tests et à la livraison des moteurs du constructeur français en Formule 1. La fin d’une aventure commune de plus de trois décennies, rythmée par la passion partagée des salariés pour le sport automobile.

Une baisse d’activité immédiate

Le contrat liant Alpine F1 Team à Mecachrome prendra fin à l’issue de la saison 2025, lorsque le moteur français sera mis au placard. Certaines activités de l’entreprise française vont cependant cesser « en partie dès la fin de l’année 2024 », date à laquelle s’achèvera le développement du moteur qui équipera l’Alpine en Formule 1 la saison prochaine. « Nos activités d’assemblage s’achèvent dès cette année, à un horizon très, très court puisque, en quelques jours, nous n’avons plus d’activités pour un certain nombre de nos salariés. Fin octobre, nous n’aurons plus de rôle à jouer dans ce secteur », nous indique Christian Cornille.

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Seuls des ajustements seront possibles en cours d’année. Si la fin de sa collaboration avec Alpine en Formule 1 représente un « choc » pour Mecachrome, cette dernière continuera son suivi auprès de l’écurie tricolore pour quelques mois : « Nous allons les soutenir pour essayer de faire au mieux dans le championnat 2025 avec le moteur actuel. »

Un besoin de nouer de nouvelles collaborations

Mecachrome n’a pas eu son mot à dire sur la décision prise par le groupe Renault. L’entreprise continuera de collaborer avec Alpine dans d’autres disciplines, notamment en endurance, en dépit de la perte de l’importante branche que constituait la Formule 1.

« Alpine reste un acteur important du secteur automobile pour nous, car nous ne collaborons pas uniquement sur l’activité Formule 1. Bien sûr, cette dernière représentait à peu près la moitié de nos activités avec ce constructeur. Alpine reste un constructeur clé dans le monde de l’endurance et du sport automobile dans d’autres compétitions. Nous allons essayer de maintenir notre relation avec lui », insiste le dirigeant de Mecachrome.

La fin de ce partenariat marque aussi la fin de l’exclusivité de Mecachrome avec Alpine F1 Team. Le fournisseur exclusif des moteurs de Formule 2 depuis 2005 et de Formule 3 depuis 2013 veut s’appuyer sur son expérience pour attirer de nouveaux collaborateurs, en particulier en Formule 1. Le timing est cependant loin d’être idéal. « C’est un univers pour lequel nous sommes passionnés et pour lequel nous pensons pouvoir apporter quelque chose. Nous sommes conscients que cette annonce arrive au pire des moments pour nous afin de trouver des opportunités, car tous les autres constructeurs de moteurs se sont d’ores et déjà préparés. Malheureusement, il est un peu tard pour trouver des partenariats », déplore Christian Cornille.

Quid des salariés de Mecachrome ?

Les salariés de Viry-Châtillon ont été impuissants face à la décision de leur direction. Il en est de même pour ceux de Mecachrome. Si aucune nouvelle collaboration ne se profile dans les semaines à venir pour l’entreprise, elle devra rediriger ses employés chargés de l’assemblage des moteurs de Formule 1 vers d’autres activités, notamment dans les secteurs aéronautiques ou de la Défense.

Dans une position similaire, les ingénieurs d’Alpine ont été informés qu’ils n’auront pas à respecter de période de jardinage en cas de départ vers d’autres écuries, alors que certains sont déjà en contact avec d’autres constructeurs. Christian Cornille s’attend également à une fuite de talents du côté de Mecachrome : « Il est évident que certains de nos collaborateurs, les plus talentueux, ont été chassés par un certain nombre de sociétés. Ces salariés se posent forcément des questions et certains vont d’ores et déjà partir, c’est sûr. »

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