La FIA veut intégrer l’IA pour limiter les erreurs sur les limites de pistes
Le ROC (Centre d’Opérations à Distance en français) a été lancé en 2022, en même temps que la réforme de la F1. Avec de nombreuses améliorations au cours des précédentes saisons, la FIA souhaiterait intégrer à terme des analyses automatisées.
Les limites de pistes font l’objet de débats presque chaque week-end. Les pilotes ont l’habitude de rapporter fréquemment des infractions potentielles de leurs adversaires. Après plusieurs sorties de ces limites constatées lors d’une course, les commissaires de course peuvent ainsi sanctionner les pilotes. Afin de perfectionner l’arbitrage et limiter les erreurs, la FIA a lancé le ROC pour la saison 2022, remplaçant ainsi le Contrôle Virtuel de Course.
Des étapes de mise en fonction
Le ROC a vu le jour trois semaines avant le GP de Bahreïn. Pour sa première utilisation, ce système de surveillance à distance, basé à Genève, a vu Charles Leclerc triompher. Tim Malyon, responsable de la recherche, a expliqué dans la revue finale avant le Grand Prix d’Abu Dhabi. « Nous avons traversé plusieurs phases. La première consistait à mettre en place la technologie et l’architecture correctes. Les courses 1 à 4 étaient une phase d’observation. Les courses 5 à 8 visaient à mettre en œuvre des niveaux plus élevés de technologie pour permettre au ROC de soutenir activement le contrôle de la course, renforcer les lignes de communication entre la piste et le ROC, ainsi que déployer de nouveaux équipements pour donner au ROC les mêmes outils que le contrôle de la course. Probablement, le dernier tiers de 2023 a contribué davantage à l’identification des problèmes et à la surveillance de l’application des réglementations en session. »
Pour 2023, le système a été davantage automatisé pour pouvoir « mettre en pause la vidéo, appuyer sur un bouton, vérifier que les données sont correctes et appuyer sur envoyer pour ajouter l’incident dans les systèmes de contrôle de la course », a déclaré Chris Bentley, responsable de la stratégie des systèmes d’information monoplace de la FIA.
Des améliorations rapides
Les limites de pistes sont toujours grandement critiquées, que ce soit par les pilotes ou les amateurs de sports automobiles, les situations ne sont pas toujours comprises. Face à ces incompréhensions, la FIA essaie continuellement d’apporter des nouveautés et de la modernité avec le ROC.
Tim Malyon explique : « Les limites de piste sont vraiment entrées en jeu lors du Grand Prix d’Autriche, où plusieurs pilotes ont été pénalisés après la course. Il y avait environ 1200 infractions potentielles à examiner. Depuis, nous avons considérablement changé notre approche. Par exemple, au Grand Prix du Qatar, nous avions huit personnes travaillant sur les limites de piste au lieu des quatre que nous avions en Autriche. Elles ont surveillé 820 passages de virages, qui ont ensuite été réduits à 141 rapports envoyés au contrôle de la course. En raison de l’Autriche et des améliorations apportées au logiciel, nous pouvons traiter ces vérifications et les transformer en 150 rapports. Maintenant, il suffit de parcourir une liste de rapports et de dire s’il y a infraction ou non. »
Après le Grand Prix d’Autriche, la FIA a également retravaillé ses approches et appréciations de potentielles infractions. Chris Bentley, qui est aussi responsable informatique pour la FIA, a déclaré : « Nous avons maintenant désactivé les boucles pour tous les circuits, sauf s’il y a une chicane, car cela gêne simplement ce que nous essayons d’atteindre. Finalement, la règle de base est que si c’est trop proche pour être appelé, alors le bénéfice du doute va au pilote. »
D’autres progrès prévus
Le ROC termine seulement sa deuxième saison. Avec les avancées technologiques de la F1 et de la réalisation des images, la FIA compte bien continuer de perfectionner son système d’arbitrage. Tim Malyon, responsable de la recherche de la FIA, déclare : « Ce que nous essayons de faire pour l’avenir, c’est d’améliorer toute cette technologie et de déployer de nouvelles solutions. Le positionnement des voitures continue d’être développé pour améliorer la précision. Nous prévoyons également de doubler la taille du ROC en nombre de personnes, passant de quatre à huit l’année prochaine, et nous doublerons la bande passante de connexion entre la piste et Genève pour faciliter le travail de plus de personnes à distance. »
Chris Bentley a apporté davantage de détails, en spécifiant que la prochaine étape était clairement « la vision par ordinateur. Cela implique une analyse de forme, où nous avons une ligne qui est le bord de la piste et le logiciel détermine le nombre de pixels au-delà de cette ligne », a-t-il ajouté.
L’intelligence artificielle bientôt intégrée
Parmi les avancées technologiques prévues pour le ROC, la FIA a l’intention de développer l’intelligence artificielle. Les objectifs recherchés par la Fédération sont la réduction des potentielles erreurs, l’accélération de la prise de décision et l’évitement de l’analyse de situations qui n’ont pas besoin d’une interprétation humaine. Les rapports envoyés aux commissaires seront ainsi réduits. Ces premiers essais se feront à Abu Dhabi pour le dernier GP de la saison 2023, d’après Tim Malyon.
Malgré le projet de robotisation et d’automatisation du système de surveillance, le côté humain ne sera pas en reste à la FIA. Chris Bentley a tenu à rassurer : « La communication est toujours reine. C’est un système d’apprentissage, non seulement en termes de processus et de procédures, mais aussi avec les personnes et comment elles interagissent avec ces nouveaux systèmes, et avec le contrôle de course. Le plus important est d’élargir les installations et de continuer à investir dans le logiciel, car c’est ainsi que nous ferons de grands progrès. »
Les prochaines améliorations seront mises en place pour le dernier GP de la saison. 2024 devrait marquer l’arrivée de nouvelles technologies supplémentaires.