Comment la F1 s’adapte à l’écologie ?
La Formule 1 s'est engagé à plusieurs reprises en faveur de l'écologie. Plusieurs réformes ont même été opérées pour s'adapter aux nouvelles normes. Le prochain objectif de la FIA est la neutralité carbone d'ici 2030.
L’écologie est l’un des plus grands débats des dernières décennies. Que ce soit au quotidien, dans la politique d’un pays ou dans le sport, cet aspect revient systématiquement. Des lois, des sommets mondiaux et des règlements sont régulièrement mis à jour. L’objectif est de réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre et l’impact de l’homme ainsi que son empreinte carbone.
La Formule 1 est pointée du doigt, de manière très négative. Le sport automobile, dans sa globalité, est un gros consommateur d’énergie fossile. Il existe plusieurs championnats électriques, dont la Formule E, mais cela représente une part infime. Et la fabrication des batteries est aussi dans le collimateur écologique.
Par conséquent, la FIA est régulièrement critiquée puisqu’elle organise des courses pour « divertir les gens ». Dans ce contexte, les instances ont travaillé sur des améliorations et des normes pour réduire l’impact de la Formule 1 sur l’environnement.
Les véhicules hybrides
Les Formule 1 sont des véhicules hybrides depuis 2014. Par conséquent, elles utilisent moins de carburant. Ces V6 turbos hybrides ont remplacé les V8 atmosphériques, très gourmands en consommation énergétique. C’est la raison pour laquelle les commentateurs et les pilotes parlent de récupération d’énergie pendant les courses, surtout à haute vitesse.
Depuis cette mise en pratique, la quantité de carburant embarqué dans les monoplaces a diminué. Avant l’arrivée de l’hybride, les véhicules avaient des réservoirs de 160 litres. Désormais, les voitures courent avec une centaine de litres dans leur réservoir.
D’ici 2030, la FIA s’est engagée à avoir une neutralité carbone en piste. Par conséquent, l’essence va être de moins en moins présente dans ces voitures. Des biocarburants ont également été testés pour arrêter d’utiliser des énergies fossiles. Ce combustible est composé de déchets alimentaires et agricoles, notamment.
L’accréditation 3 étoiles
Dans le souci de travailler en faveur de l’environnement, la FIA a mis en place un système d’accréditation, depuis 2011. Pour obtenir cette qualification, les équipes doivent répondre favorablement à 17 critères. Ensuite, un auditeur indépendant évalue et accorde les étoiles. Mercedes a été l’une des premières équipes à remplir tous ces critères dès la fin de l’année 2020. Certaines équipes, comme Alpine, ont dû attendre jusqu’en avril 2023 pour être qualifiées.
Ce critère d’accréditation existe aussi pour le fournisseur de pneumatiques Pirelli (qui l’a obtenu) et les circuits du calendrier. Cependant, l’obtention de cette qualification ne garantit pas aux équipes de la conserver à vie. Les écuries doivent poursuivre leurs efforts et garantir leur engagement envers l’environnement.
Les pneus recyclés
Les pneumatiques font partie des outils les plus consommés en Grand Prix. Sur un week-end de course, Pirelli fournit 13 trains de pneumatiques slicks par pilote. En plus de ces ensembles, Pirelli apporte sept trains de pneumatiques pour la pluie. Lors d’un week-end traditionnel, si les pilotes n’ont pas de problèmes particuliers, la quasi-totalité des pneus est utilisée.
Seuls les ensembles de pneus pluie ne sont pas systématiquement utilisés. Cependant, pour assurer le bon déroulement d’un week-end, Pirelli apporte 1 600 pneus, représentant plusieurs remorques de gommes.
Une fois que les pneus ont été utilisés, la marque italienne les recycle. Les pneus sont récupérés, puis découpés en morceaux avant d’être brûlés à plus de 1 400°. Les résidus sous forme de fines particules ainsi obtenus sont par la suite transformés en carburant, alimentant les usines de ciment. Ce procédé est utilisé par Pirelli pour tous ses pneumatiques sportifs depuis 2002.
Les pièces consommables
En Formule 1, il y a beaucoup de casse, faisant partie intégrante des risques inhérents. Il arrive que les ailerons (avant et arrière), les ailes et d’autres pièces se cassent, générant ainsi des déchets à gérer. Même si des normes exigent des équipes qu’elles évitent le gaspillage, à la fin d’un Grand Prix, les conteneurs sont souvent bien remplis.
Ce problème se répercute également dans les usines. Lors du développement et des tests, des pièces se cassent. Même si les équipes tentent parfois de les réutiliser, il arrive qu’elles soient simplement jetées. De plus, les usines consomment énormément. Elles fonctionnent quasi continuellement à plein régime, produisant en série des pièces et des améliorations. Les déchets de production, y compris le CO2, sont rejetés dans l’air.
L’énorme couac des convois
La Formule 1 est semblable à un cirque géant. Les équipes et les instances sont constamment en déplacement. Les équipes passent généralement au maximum cinq jours dans un pays avant de se rendre chez le prochain hôte. Pour déplacer les voitures, les structures et les équipements, d’énormes moyens sont déployés. Par exemple, pour passer du Grand Prix d’Espagne à celui du Canada cette saison, les équipes ont eu recours à des déplacements par avion et par bateau. Ces opérations doivent être rapides et nécessitent d’énormes ressources. Actuellement, le moyen de transport le plus polluant sur terre est le bateau. Les porte-conteneurs utilisés par les équipes sont considérés de taille régulière et consomment entre 25 et 65 tonnes de carburant par jour.
Les équipes ont principalement leur base en Europe, ce qui rend les déplacements à travers le vieux continent généralement effectués par des convois de camions, une des méthodes les moins polluantes. De plus, les distances à parcourir sont moins importantes que lors des déplacements entre continents. Certaines équipes, telles que Mercedes, ont opté pour l’utilisation de carburant végétal pour leurs camions. Les déplacements inter-pays européens sont parmi les moins polluants. Les camions utilisés par les équipes consomment entre 30 et 40 litres par heure, soit 840 litres en 24 heures. En moyenne, un litre d’essence pèse 0,75 kg. Ainsi, en une seule journée, un paquebot consomme en moyenne environ 30 000 litres de plus qu’un camion.
La FIA a adapté son calendrier
Ces dernières années, les pays du Moyen-Orient ont obtenu des contrats avec la FIA pour organiser un Grand Prix, entraînant des ajustements déroutants dans le calendrier, avec des allers-retours entre le continent américain et européen. Pour la saison 2024, entre le Grand Prix d’Espagne (21-23 juin) et celui de Singapour (20-22 septembre), une grande tournée eurasienne est prévue. Les deux dysfonctionnements du calendrier se situent en début et en fin de saison, avec les pays hôtes d’ouverture et de fermeture étant voisins.
Les problèmes de calendrier devraient persister pendant plusieurs saisons. L’aspect financier, bien que tabou, joue un rôle réel. Les circuits les plus riches peuvent obtenir les dates qu’ils préfèrent. Les Grand Prix les plus coûteux pour la FIA sont les trois premiers et les trois derniers. Parmi ces six courses, quatre se tiendront dans le Golfe.
La Formule 1 a fait d’énormes progrès en matière de réduction de son empreinte carbone. Les technologies ont été adaptées avec l’introduction des véhicules hybrides il y a près de 10 ans. Les équipes, Pirelli et même les circuits hôtes ont consenti des efforts considérables. Cependant, la neutralité carbone visée dès 2030 semble être une utopie. Certes, la consommation des monoplaces diminue, mais les déplacements annulent une grande partie de ces efforts. Pour tenir cet engagement, des efforts substantiels doivent encore être déployés par les instances.