Le DRS : fausse bonne idée ?
Le DRS, système de réduction de la traînée, permet aux pilotes d'ouvrir leur aileron arrière dans les lignes droites pour dépasser lorsqu'ils sont à moins d'une seconde du pilote devant. Il possède également d'autres avantages mais comptabilise son lot d'inconvénients. D'autres évoquent aussi des dépassements trop faciles ou sans saveur avec le DRS. Alors, faut-il l'enlever ? Le réglementer ? Réduire ses zones d'activations sur certaines pistes ?
Le « Drag Reduction System », système de réduction de la traînée, a été mis en place en Formule 1 en 2011. Depuis, il n’a plus quitté les monoplaces. Pour autant, sa présence questionne parfois : il avantage grandement les voitures avec une grosse vitesse de pointe, gâchant même parfois le spectacle. Pourtant, les dépassements sont l’une des principales raisons de sa mise en place.
De meilleurs dépassements sans DRS ?
La question du dépassement se pose donc de plus en plus. On voit sur de nombreux circuits des monoplaces capables d’atteindre des vitesses folles par rapport à leurs concurrents, qui sont facilement dépassés grâce au DRS.
Certains regrettent ce manque de combat à cause du DRS, parfois très avantageux. Pire encore, les pilotes n’osent plus tout le temps dépasser dans les virages ou avant une zone DRS, de peur de se refaire dépasser dans la ligne droite suivante.
Le DRS est devenu un outil stratégique, peut-être même trop. Au Brésil en 2021, Hamilton a construit son week-end victorieux sur la puissance de son moteur Mercedes et donc accessoirement sur sa vitesse de pointe avec l’activation du DRS. L’année dernière, nombreux sont les moments où la Ferrari de Charles Leclerc était dans l’incapacité de rivaliser avec la Red Bull de Max Verstappen et sa vitesse. Lors du Grand Prix d’Arabie saoudite 2022 par exemple, ces deux-là s’étaient amusés avec le DRS mais Leclerc n’avait finalement pas pu gagner face à la vitesse de Verstappen.
Aujourd’hui en Formule 1, la majorité des dépassements se font sur des lignes droites, avec le DRS. Il n’y a pas moins de dépassements mais ils sont parfois sans saveur. Comment reprocher aux pilotes d’attendre une ligne droite pour dépasser ? La facilité est la meilleure solution. De plus, sur certains tracés, le phénomène d’aspiration entre les voitures pourrait suffire à générer de beaux dépassements.
Revoir les zones d’activation au cas par cas
Il y a des circuits où le DRS se révèle indispensable, ceux où les lignes droites ne sont pas prépondérantes par exemple. En Hongrie, il n’y a qu’une zone DRS, presqu’essentielle au vu de la difficulté de dépasser sur le reste du circuit. Elle permet donc d’avoir une occasion de doubler. Mais sur certains tracés rapides avec de nombreuses lignes droites, le DRS commence à poser des problèmes.
Djeddah, Baku, Miami, São Paulo et bientôt Las Vegas, sont des circuits où le DRS peut devenir embêtant. Pourquoi ? Tout simplement parce que les lignes droites de ces circuits sont longues et nombreuses. Le DRS permet de dépasser avec une extrême facilité, avant même la fin de la ligne droite.
La solution à cela pourrait simplement être de ne pas autoriser le DRS dans les très longues lignes droites. Si le pilote derrière est assez proche du pilote devant, l’aspiration pourrait être suffisante et générer plus de combat. Cela obligerait également les pilotes à être propres dans leur conduite pour aborder la ligne droite le plus proche possible du pilote devant.
Plus tard dans l’année, sur le circuit de Las Vegas, les pilotes pourront expérimenter une nouvelle longue ligne droite : celle du fameux Strip de Las Vegas, boulevard luxueux de la ville américaine, d’une longueur de 1,9 km. L’aspiration y serait largement suffisante pour dépasser. Encore de quoi frustrer les pilotes avec de faibles vitesses de pointe et les fans.
Les risques
Le système DRS comporte également des risques, qui peuvent s’avérer être très dangereux. L’ouverture de l’aileron arrière réduit l’appui de la voiture au sol et c’est bien pour cela qu’il n’est utilisé qu’en ligne droite. La voiture serait complètement déstabilisée avec le DRS ouvert dans les virages.
En 2018 à Monza, Marcus Ericsson s’était fait piéger. Au bout de la ligne droite, son DRS ne s’était pas refermé et au moment de freiner pour aborder la chicane, sa voiture est partie dans le mur avant de faire plusieurs tonneaux. Il s’en était heureusement sorti indemne. Même chose pour Ricciardo avec Renault aux essais à Barcelone en 2019 : l’Australien était venu percuter le mur après l’explosion de la partie supérieure de l’aileron. Le DRS peut devenir dangereux en cas de dysfonctionnement.
Changer le fonctionnement du DRS ?
Enfin, parmi les nombreuses solutions pour changer le fonctionnement du DRS, une semble particulièrement intéressante. Bien sûr, il n’est pas question d’autoriser le DRS ailleurs qu’en ligne droite, mais permettre au pilote de l’utiliser quand il le souhaite et avec un nombre limité d’ouvertures.
Plus besoin d’être à moins d’une seconde, le pilote pourra activer son DRS pour tenter de gagner de la vitesse en ligne droite afin d’essayer de se rapprocher. Avec un nombre d’utilisations limité, un aspect stratégique entrerait en jeu. Et si un pilote revient sur un concurrent mais n’a plus d’ouverture de DRS possible ? Il devrait alors le dépasser autrement ou profiter simplement de l’aspiration.
Ce fonctionnement n’est qu’au stade d’hypothèse. Toutefois, sur le papier, il semble intéressant pour les batailles en piste et la stratégie. Maintenant, ce sont les responsables de la F1 et de la FIA qu’il faudra convaincre. Le DRS est un outil devenu essentiel mais qui mérite d’être réétudié pour une meilleure utilisation.