Red Bull utilisera le nouvel alternateur à Interlagos
Après les soucis d'alternateur connus à Valencia et à Monza, l'écurie Red Bull était revenue sur la version 2011 de l'alternateur fourni par Renault, jugée plus sûre. Mais cette dernière a également failli à Austin : l'écurie autrichienne, tout comme les autres écuries Renault, va donc utiliser ce week-end la toute dernière version de la pièce, déjà testée avec succès sur le banc puis à Austin sur d'autres voitures.
Talon d’Achille de la Red Bull RB8 de Sebastian Vettel – celui de l’exemplaire de Mark Webber étant davantage le KERS – , l’alternateur accouplé au moteur Renault est la pièce au centre des débats à l’heure d’aborder le rendez-vous décisif de la saison à Interlagos. Et pour cause : étant donnée la complexité de la tâche pour Fernando Alonso de battre Sebastian Vettel et sa Red Bull en vitesse pure avec une Ferrari moyenne en qualifications, les chances de l’Espagnol de coiffer une troisième couronne semblent donc devoir se manifester par un problème de fiabilité ou un fait de course impliquant la monoplace frappée du numéro 1. L’alternateur de la monoplace autrichienne est donc une source de problèmes toute désignée.
Les deux Red Bull dans leur ensemble ont déjà subi trois défaillances éliminatoires en course, à Valencia et Monza pour Vettel, et à Austin le week-end dernier pour Webber, auxquelles il faut ajouter celle de Romain Grosjean, là encore à Valencia. Mais le problème rencontré par l’Australien a bien dû accentuer les tics nerveux du pied de Christian Horner : l’alternateur en question était celui de 2011, qui jusqu’ici n’avait pas été sujet à panne.
Une défaillance sur laquelle revient Rémi Taffin, directeur des opérations de piste de Renault Sport F1, qui parle dans les colonnes d’Autosport de l’analyse qui en a été faite : « Nous avons renvoyé les pièces [de l’alternateur de Webber, ndlr] à notre usine en France, nous l’avons démonté, et nous avons clairement pu voir que le problème était le même que celui rencontré à Valencia et Monza. C’était exactement la même panne [un roulement défectueux, ndlr]. C’est arrivé très tôt dans le cycle de vie de la pièce et aussi dans nos lots de pièces, chronologiquement parlant […]. »
Toujours à Austin, Renault a testé la toute nouvelle version du mécanisme, censée résoudre spécifiquement et une bonne fois pour toutes le problème rencontré de manière répétée depuis le Grand Prix d’Europe, qui a été auparavant approuvée sur le banc d’essais. Ainsi, la Lotus de Romain Grosjean et les deux Caterham étaient équipées de cette nouvelle version, qui a elle aussi été retournée à Viry-Châtillon pour analyse : « Nous n’avons pas rencontré le moindre problème », explique Taffin. « Nous avons renvoyé celui de la voiture de Grosjean en France pour le démonter et être certains que tout allait bien. Nous voulions nous assurer que nous avions fait tout ce que nous pouvions, et tout allait bien. »
Il n’en a pas fallu moins pour que Red Bull ne se décide à utiliser la version mise à jour, avant que Renault ne demande expressément à tous ses autres clients de suivre le mouvement. Une manœuvre que Rémi Taffin aborde confiant : « Oui [, je suis relaxé]. Je parie que tout le monde dans la ligne des stands vous dira qu’ils sont à 100 % confiants pour la course, mais peut-être en trouverez-vous qui le seront à 99 %, et je dirais que je le suis à 99 % pour ce week-end. Il n’y a pas de raison [de s’inquiéter]. Nous avons beaucoup d’autres raisons d’avoir un problème – mais pas celle-ci. »
Mais pourquoi ne pas avoir changé de pièce plus tôt alors que tous les tests passés par la nouvelle version étaient réussis ? « Parce qu’ils [les membres de Red Bull, ndlr] sont des humains et qu’à un moment, en tant que tel, ils ont des sentiments. C’était une décision commune, nous avons donc tout mis sur la table et nous avons décidé ensemble que nous devions suivre cette voie [continuer à utiliser la version 2011, ndlr]. Nous avions tout ce qu’il fallait pour monter l’ancienne comme la nouvelle version. Mais le sentiment général était qu’il est sensé de continuer à utiliser quelque chose que nous connaissons depuis quelques années […], même si nous avions une nouvelle solution dont nous savions qu’elle avait passé tous les tests. »
Et dans le combat entre la raison et la passion, c’est la passion qui l’a emporté : « C’est peut-être un peu difficile à comprendre, mais mettez-vous dans la situation où vous devez prendre une décision. Parfois, vous entrez dans une boutique, vous êtes devant deux choses différentes, et votre tête dit que vous devez acheter celle-ci, mais votre cœur dit que vous devriez acheter l’autre. »
Les supporters de Red Bull gageront en tout cas que la bonne décision est celle qui a été prise. Nous devrions quoiqu’il arrive en savoir plus d’ici dimanche soir 19h.
