Andréa Kimi Antonelli chez Mercedes : Le grand saut, trop tôt ?
Le 31 août dernier, Mercedes a annoncé la titularisation d'Andrea Kimi Antonelli pour la saison 2025, en remplacement de Lewis Hamilton. Sans grande expérience mais doté d'un talent indéniable, le jeune Italien est propulsé dans la catégorie reine du sport automobile. Un mariage avec Mercedes, pour le meilleur et pour le pire.
Le vendredi 30 septembre à Monza, Andrea Kimi Antonelli monte dans la voiture de George Russell à l’occasion de la première séance d’essais libres du week-end. La rumeur s’est déjà propagée, lui-même est au courant, ce n’est plus un secret pour personne : il remplacera Lewis Hamilton en 2025. C’est avec cette certitude qu’il s’élance au volant de la Mercedes W15 pour une heure de séance de roulage, et surtout d’apprentissage. Cependant, à peine dix minutes plus tard, tout est déjà terminé : le jeune Italien de 18 ans placarde sa monoplace dans le mur après avoir perdu le contrôle dans la Parabolique. Résultat : une séance gâchée et une multitude de critiques concernant sa capacité à évoluer en Formule 1. Toutefois, les dés sont déjà jetés : le lendemain matin, aux alentours de neuf heures, le natif de Bologne est annoncé comme le coéquipier de George Russell pour 2025.
Depuis, la sphère de la Formule 1 reste divisée concernant ce choix de Toto Wolff, bien que ce dernier explique avoir pris sa décision en « cinq minutes » après que Lewis Hamilton lui a annoncé son départ pour Ferrari. Pourtant, Mercedes avait le choix parmi les pilotes en recherche de baquet, certains plus expérimentés que d’autres, à l’image de Carlos Sainz. Le choix de titulariser Kimi Antonelli est celui de la jeunesse, mais n’est-ce pas trop tôt ?
Le débat sans fin sur la jeunesse
Nombreux sont les pilotes à être arrivés en Formule 1 jeunes, parfois très jeunes. Cependant, la différence avec Andrea Kimi Antonelli, c’est que ces derniers sont souvent passés par des écuries de seconde zone pour continuer leur apprentissage. Max Verstappen, qui a cassé tous les codes en arrivant en Formule 1 à 17 ans, a fait une année chez Toro Rosso. Même les plus talentueux pilotes de la grille sont passés par cette étape : Russell chez Williams ou Leclerc chez Alfa Romeo. Rares sont ceux qui sont arrivés directement dans une écurie de pointe, aussi jeunes. Lewis Hamilton pourrait être cité dans cette catégorie, mais il avait 21 ans en débarquant chez McLaren en 2007, non pas 18 comme celui qui le remplacera l’année prochaine. Il avait aussi plusieurs saisons en catégories inférieures, ce qui n’est pas le cas de Kimi Antonelli.
La jeunesse en Formule 1 reste un débat sans fin et tant que Kimi Antonelli ne sera pas au volant de la Mercedes pour faire ses preuves, les critiques et appréhensions continueront d’affluer. D’autant plus qu’il va arriver dans une écurie de pointe, aux côtés d’un pilote expérimenté et déterminé. Rien ne sera facile pour l’Italien, qui aura la lourde tâche d’apprendre tout en performant le plus possible afin d’aider Mercedes dans sa lutte contre les autres écuries du haut de la grille.
Le meilleur choix pour Mercedes ?
L’écurie a-t-elle fait le bon choix en décidant de titulariser Kimi Antonelli ? En refusant Carlos Sainz et d’autres pilotes, Mercedes a donc fait le choix de privilégier son académie dont Kimi Antonelli fait partie. Mercedes fait aussi le pari d’un tout jeune pilote, inexpérimenté en Formule 1, mais qui s’appuie sur des résultats impressionnants dans les catégories inférieures : vainqueur de la F4 italienne et allemande la même année, puis de la FRECA en 2023. Certes, même si sa saison de F2 en 2024 est en dessous des attentes, Antonelli demeure un diamant brut qui impressionne par sa précocité.
Le choix de Mercedes de le mettre directement dans le baquet à la place de Lewis Hamilton n’est pas anodin. 2025 est une année de transition, avant la nouvelle réglementation de 2026. L’écurie allemande a tout intérêt à familiariser son jeune talent avec la monoplace, Toto Wolff le décrivant comme le futur de l’écurie. Qui plus est, Mercedes n’avait pas vraiment le choix de le placer dans une autre écurie : Williams était déjà au complet et Audi n’avait pas retenu Antonelli dans ses potentiels futurs pilotes. La solution pour Mercedes aurait été de le laisser patienter une saison supplémentaire en F2. Cependant, cela aurait impliqué de choisir un pilote titulaire pour une année seulement, un contrat compliqué et difficilement acceptable pour un pilote étant donné le peu de garantie pour la suite. Toto Wolff a fait d’Antonelli le futur de la firme allemande depuis plusieurs mois et n’a jamais contredit son propre choix. Le mettre tout de suite dans le baquet est aussi un moyen de ne pas se le faire voler. Alpine avait tardé à titulariser Oscar Piastri. Résultat, ce dernier avait signé chez McLaren. Mercedes a formé son jeune pilote depuis quelques années et a donné une suite logique à sa carrière en lui donnant le baquet occupé par Lewis Hamilton depuis 2013.
Toutefois, pour Mercedes, qui loue le talent d’Antonelli, cela reste un énorme défi : ils ne pourront compter que sur l’expérience de Russell en 2025. En vue du développement de la monoplace pour 2026, avoir un pilote en apprentissage qui devra d’abord comprendre la Formule 1 avant de pouvoir aider pleinement à l’usine représente un grand risque. Quoi qu’il en soit, cette titularisation d’Antonelli marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère, celle d’une écurie qui a pris le pari de la jeunesse.