Lotus disposerait d’un système pour corriger la hauteur de caisse en course

Après le double diffuseur en 2009, le F-Duct en 2010 et les échappements soufflés en 2011, la Formule Un pourrait être à nouveau confrontée à une polémique technique alors que Giorgio Piola, journaliste renommé sur les questions techniques, révèle les dessins d’un système hydraulique entraperçus sur la Lotus-Renault R31 utilisée lors des essais jeunes d’Abu Dhabi, en novembre dernier : « Il s’agit d’une idée qui fera surement parler le paddock dans les prochains jours. Le groupe technique qui entoure Alan Permane a développé une idée très intéressante qui a habilement été tenue secrète » peut-on lire sur Autosprint.it. « En substance, Lotus Renault serait en mesure de modifier la hauteur de l’avant de la voiture pendant la phase délicate du freinage [ndlr : alors que normalement les voitures piquent du nez], évitant ainsi à l’aileron avant de frotter sur l’asphalte et garantissant à l’auto une hauteur de caisse idéale pour bénéficier d’une stabilité aérodynamique maximale à un endroit qui conditionne la charge et l’efficacité de tout le reste de la voiture. »

Concrètement, l’arbre de suspension est fixé au moyeu de la roue par l’intermédiaire d’un petit système hydraulique, autorisant un jeu de quelques millimètres et donc permettant à l’écurie de jouer, en piste, sur la hauteur de caisse de la prochaine monoplace d’Enstone.

Les avantages que procureraient un tel système sont multiples. Il pourrait notamment permettre de résoudre les problèmes de stabilité au freinage, surtout suite à la désactivation du DRS. De plus, en évitant au train avant de trop piquer au freinage, ce système permet d’alléger l’avant de la voiture et donc de moins solliciter des pneus Pirelli qui ont montré en 2011 qu’ils ne supportaient pas les contraintes trop fortes. En phase d’accélération, ce « correcteur d’assiette » permettrait, inversement, d’éviter que l’avant de l’auto ne se soulève trop, assurant, à nouveau, une meilleure efficacité aérodynamique. Enfin, un tel système autoriserait un meilleur compromis quant à la hauteur de caisse utilisée en course, alors que les pilotes démarrent avec le plein en carburant, pour finir, généralement, avec le minimum réglementaire. La prochaine Lotus pourrait donc bénéficier d’une hauteur de caisse plus basse que ses rivales, un gain qui pourrait s’avérer très avantageux en conditions de courses.

Cette innovation n’a d’ailleurs pas tardé à faire réagir, à commencer par Stefano Domenicali, présent à Madona di Campiglio pour les traditionnelles journées Wrooom de Ferrari : « Nous attendons la confirmation que ce type de dispositif sera accepté ou pas, mais, bien sûr, nous regardons de ce côté pour voir s’ils peuvent contribuer à la performance. Nous devons cependant attendre de voir quelle sera la réaction de la FIA à ce propos. »

En effet, tout système permettant la gestion électronique de la garde au sol étant interdit, certains évoquaient la possibilité que ce dispositif soit commandé par le pilote, entrant ainsi en infraction avec l’article 3.15 du règlement technique : « [A l’exception du DRS], tout système embarqué, dispositif ou procédure impliquant l’action du pilote pour agir sur les caractéristiques aérodynamiques de la voiture sont prohibés. » Cependant, Autosport révèle que le dispositif n’est en aucun cas commandé par le pilote, mais qu’il est tout simplement lié au système de freins. Ainsi, le dispositif serait-il pleinement légal – sous réserve de confirmation par la FIA évidemment -, Autosport indiquant même que Lotus a été en relation avec la FIA tout au long du développement de son système de freinage, l’ayant même proposé dès 2010 où il aurait reçu le feu vert des officiels en janvier dernier.

Pour sa part, Autosprint estime que les contraintes qu’impliquent un tel système en terme de poids et d’organisation des arbres de suspension, le rend difficilement copiable, même si Autosport indique qu’une écurie de pointe aurait déjà soumis à autorisation les plans d’un dispositif similaire. La course à l’armement est donc belle et bien ouverte même s’il faudra sans doute attendre les premiers tours de roue de la Lotus pour mesurer l’efficacité réelle d’un tel dispositif.

Toujours est-il que les hommes d’Enstone confirment ainsi leur créativité, comme le soulignent nos confrères d’Autosprint : « C’est une structure qui a toujours fait preuve de vivacité technique en proposant des solutions inédites et intéressantes. Souvenons-nous des mass-dampers qui avaient fait parlé d’eux en 2006 ou des échappements soufflés à l’avant des pontons [en 2011]. » Espérons, cependant, pour Kimi Raïkkonen et Romain Grosjean, que cette solution connaîtra davantage de succès que lesdits échappements.