Nigel Mansell trouve "honteux" le poids minimum pour 2014

En 2014, le poids des pilotes sera, plus encore, un enjeu "de taille" pour les équipes, notamment dans la conception et le développement des monoplaces, pour qui le moindre millième de seconde aura de l'importance. L'état du règlement pose des difficultés et soulève des inquiétudes. Une situation que Nigel Mansell critique vivement.

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Nigel Mansell trouve "honteux" le poids minimum pour 2014

La saison 2014 marquera, en Formule 1, un tournant avec le retour des moteurs V6 turbo, en lieu et place des V8 atmosphériques actuels. Le règlement technique, pour préparer cette modification d’ampleur, a dû adapter le poids minimum exigé pour les monoplaces : ce dernier passera de 642kg à 690kg. Or, il semble que le poids total du bloc moteur dépasse ce qui avait d’abord été estimé. Une situation qui risque d’avoir un impact pour certains pilotes.

Depuis le Grand Prix de Corée, notamment, la polémique enfle. Adrew Benson, chef du département F1 à la BBC, pose les bases de la problématique : « Ca pose problème car 1kg de plus équivaut à environ 0.035 seconde par tour sur un circuit moyen. Ca signifie qu’un petit pilote comme Fernando Alonso, qui pèse 68kg, possède un avantage sur un pilote plus grand comme Nico Hulkenberg, qui pèse 74kg, de l’ordre de 0.2 seconde par tour si l’équipe ne peut réduire le poids de la voiture de la différence, » explique-t-il, avant d’ajouter : « Et même s’ils le peuvent, le pilote plus grand a un désavantage parce que sa position dans la voiture est haute, ce qui affecte aussi ses performances. »

Une situation discriminante pour Nigel Mansell, champion du monde 1992, et fin observateur de la Formule 1 : « C’est honteux. C’est une discrimination envers les pilotes de corpulence moyenne, » lance-t-il lors d’une interview accordée à la BBC. « Des années en arrière, nous n’avions pas de contrôle de la traction ou de direction assistée. Vous deviez être un pilote fort et il y avait beaucoup de pilotes forts. Si vous aviez eu cette limitation, ils n’auraient pas été capables de piloter les voitures d’il y a quelques années ou ils l’auraient fait avec beaucoup de difficultés. »

Pour lui, la solution est claire : « Je pense [qu’il faut] augmenter un peu la limite, placer des lests dans certaines voitures comme ça les pilotes plus grands ne souffriront pas autant. C’est mal. Ce ne sont pas des jockeys. » La référence aux athlètes qui montent les chevaux de course n’est pas sans fondement, puisque les chevaux sont souvent lestés, en fonction de leurs performances et le poids y joue un rôle essentiel pour espérer bien figurer. Dans d’autres disciplines comme le saut à ski, de nombreuses polémiques ont éclaté et de nombreuses mesures ont été prises pour limiter les régimes drastiques imposés aux sauteurs – à la limite de l’anorexie – le tout pour améliorer leur portance face au vent.

Pour l’heure, la Formule 1 semble encore loin de lancer un plan anti-anorexie, mais certains pilotes ont déjà expliqué qu’ils éprouvaient les plus grandes difficultés à respecter les limites actuelles. Jenson Button, par exemple, ne cache pas son inquiétude : « Je pèse 74-75kg avec mon équipement, et j’ai du mal à descendre au poids minimum. Je l’ai fait pendant trois ans. J’adore le fitness mais il y a des choses que je ne peux pas faire parce que je dois avoir un poids fixe, ne pas manger de glucides, ne pas prendre du muscle. Et l’année prochaine, ça sera pire. Je pense qu’aucune équipe n’aura de lests. »

La grogne monte mais, pour l’instant, aucun changement n’est envisagé. Si Martin Whitmarsh, le directeur de McLaren, a affirmé que la volonté d’augmenter la limite autorisée est fondée, il a aussi expliqué que « la F1 ne fonctionne pas de cette manière. Les intérêts individuels vont prévaloir. Des équipes qui pensent que c’est OK bloqueront tout changement. » La nécessité d’une décision unanime rend compliquée la moindre modification du règlement technique, à partir du moment où certaines équipes peuvent imaginer en tirer un avantage ou donner à certaines écuries un désavantage.

Pour Mark Webber, qui quittera la discipline en fin de saison, c’est le fatalisme qui prime : « Il n’y a rien de nouveau. Surtout depuis l’arrivée du KERS, c’est un défi pour les mecs lourds. Tout le monde me demande pourquoi je semble si maigre, mais vous devez être maigre parce que c’est à votre avantage d’être aussi léger que possible. » L’Australien d’ajouter : « Les gens disent que la distribution des masses est fixe, mais il y a toujours 1%, ce qui est un nombre important, que vous pouvez bouger et mettre le lest où vous voulez. Ce n’est pas un avantage d’être de la taille de Nico [Hülkenberg, ndlr] ou de ma taille, ça n’aide pas. Mais c’est comme ça, vous devez faire de votre mieux avec ce que vous avez. […] Nous avions demandé [à ce que cela change] il y a quelques années, mais ils ont dit non. Les pilotes légers devraient aller dans ce sens aussi, mais évidemment, ils ne le font pas. »

Le nom de Nico Hülkenberg revient souvent lorsqu’il s’agit d’évoquer ce problème, l’inconvénient du pilote Sauber étant effectivement la taille qui, selon Andrew Benson, a pu largement jouer en sa défaveur auprès de McLaren.

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