Pirelli ne veut pas d’une guerre des manufacturiers en F1

Depuis 2007, la Formule 1 n’a plus connu de « guerre » entre manufacturiers. En effet, si en 2006, Michelin et Bridgestone s’affrontaient, à partir de 2007, Bridgestone a été désigné manufacturier unique de la Formule 1. Pirelli a succédé à la marque japonaise début 2011.

Certains observateurs et anciens pilotes de F1 ont souvent cité la F1 comme étant une loterie cette année notamment à cause des pneumatiques qui se dégradent par palier. Pour eux, l’arrivée de nouveaux manufacturiers pourrait être une bonne chose pour la compétition.

Néanmoins, Paul Hembery, le responsable compétition chez Pirelli, n’est pas favorable à ce retour en arrière : «Nous travaillons pour le sport. Le sport doit décider ce qu’il souhaite. S’il souhaite une guerre de manufacturiers et le retour de courses avec des processions, comme cela était le cas au début des années 2000, lorsque l’audience a chuté, c’est une approche. Ce n’est pas à nous de décider.»

Hembery estime que cela n’aurait pas de sens compte tenu de la volonté de réduction des coûts mise en place depuis quelques années : «Nous allons attendre et voir si les règles changent. Si elles changent, alors nous réfléchirons (à notre engagement). Pour le moment, les équipes ne sont clairement pas intéressées par une guerre de manufacturiers. Qu’est-ce que cela signifie vraiment d’avoir une guerre de manufacturiers ? Si cela signifie dépenser 100 millions d’euros pour être une demi-seconde plus rapide et que vous ne pourrez même pas prouver que vous avez le meilleur pneumatique, parce que c’est impossible de comparer deux monoplaces avec des gommes différentes, alors c’est inutile.»

Hembery a également cité le cas du Grand Prix des Etats-Unis 2005 disputé à Indianapolis avec seulement 6 monoplaces sur la grille – celles chaussées de pneumatiques Bridgestone à l’époque, Ferrari, Jordan et Minardi – car Michelin avait connu un problème avec ses pneumatiques et n’avait pas reçu l’autorisation de fournir aux équipes de nouveaux pneumatiques : «Toutes les équipes avec lesquelles j’ai discuté ne veulent pas d’une guerre entre manufacturier. Elles voient cela comme un gaspillage d’argent dans un domaine qu’elles ne peuvent pas contrôler, et qui a un impact pourtant important sur le public. D’autant plus que cela pourrait engendrer des problèmes de sécurité car les manufacturiers iraient à leur limite pour atteindre la performance. Comme nous l’avons vu à Indianapolis, c’est le paradoxe d’une guerre de manufacturiers. Je ne pense pas que ce soit bon pour les manufacturiers, et certainement pas non plus pour le sport.»

La question d’un retour d’une guerre entre manufacturier fait surface depuis quelque mois car le contrat liant Pirelli à la Formule 1 arrivera à expiration fin 2013 et les règles pourraient donc changer dès 2014. Certaines rumeurs ont même fait état d’un possible retour de Michelin en F1 en 2014, à la seule condition, toujours exigée par le manufacturier français, d’avoir plusieurs fournisseurs de pneumatiques.

Si Paul Hembery confie que les équipes ne sont pas favorables à une telle mesure, ce n’est pas le cas des pilotes et notamment de Michael Schumacher, très critique sur les pneumatiques Pirelli depuis le début de l’année notamment. Le septuple champion du monde de Formule 1 avait confié lors du Forum pour les fans de la FOTA organisé à Stuttgart en marge du Grand Prix d’Allemagne qu’il aimerait bien voir un retour d’une guerre entre manufacturiers «car cela permettrait d’avoir de bons pneumatiques».