Pourquoi le Grand Prix du Qatar était-il si difficile physiquement pour les pilotes ?

On aura rarement vu les pilotes aussi atteints physiquement à l'issue d'un Grand Prix qu'au Qatar. Plusieurs éléments expliquent pourquoi les pilotes ont dû repousser leurs limites.

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Pourquoi le Grand Prix du Qatar était-il si difficile physiquement pour les pilotes ?

Un pilote qui abandonne car il est incapable physiquement de conduire. Trois pilotes qui se dirigent directement vers l’ambulance et le centre médical à l’issue de la course. Tous les pilotes ou presque qui s’assoient à l’issue de la course. Les images des pilotes à l’issue du Grand Prix du Qatar resteront dans les annales de la Formule 1.

Bref retour en arrière. Le pilote qui a été contraint à l’abandon pour défaut physique est Logan Sargeant. L’Américain a été malade pendant toute la semaine. L’intensité de la chaleur et de l’humidité l’ont tout simplement vidé de ses forces et il était complètement déshydraté. Mais il ne fut pas le seul à finir dans cet état puisque son coéquipier, Alex Albon, a également été faire un tour au centre médical pour recevoir des fluides. Il suffit de voir les images de Lance Stroll à l’issue de la course, ayant toutes les peines du monde à sortir de son baquet, puis se diriger vers l’ambulance en titubant pour comprendre que le Canadien est également allé au bout de ses forces. Devant les caméras, il reconnaissait ensuite qu’il perdait connaissance dans les virages rapides pendant les 20-25 derniers tours à cause des G qu’il devait affronter !

Quant à Esteban Ocon, il avouait dans sa radio au drapeau à damiers qu’il avait vomi dans son casque au bout de seulement 15 tours. Il a ainsi déclaré après la course : « Quelle course difficile et éprouvante physiquement ! (…) Les conditions étaient extrêmement compliquées au volant et je ne me sentais pas spécialement bien dans la première moitié de course. J’ai pu me reprendre et me concentrer sur ma mission. »

Au final, la situation était résumée par Charles Leclerc au micro de Canal+ : « Ce n’est pas une question de condition physique car on n’est pas épuisé musculairement. C’est qu’on n’arrive pas à s’hydrater correctement, la chaleur était super dingue, c’était vraiment très compliqué. »

Quatre facteurs essentiels

Les conditions en piste étaient, en effet, extrêmes (malgré la programmation de nuit pour tenter de réduire la température), avec une conjonction de la chaleur (35°C dans l’air mais plus de 50°C dans les baquets) mais également d’humidité (80%). Cela revient à rester dans un sauna tout habillé pendant deux heures. Sauf qu’avec les combinaisons, la transpiration ne part pas et le corps est donc incapable de se refroidir, d’où les symptômes d’exposition à une température extrême présentés par les pilotes. On retrouve ici la configuration de ce qui a pu être vécu dans les rues de Singapour, le mois dernier.

Mais une grosse différence entre la piste de Singapour et celle de Losail est que cette dernière présente de nombreux virages rapides, à fortes force G alors que Singapour est une succession d’accélérations et freinages. Cela nécessite énormément de concentration mais est moins exigeant physiquement.

Le dernier élément-clé est la réglementation imposée seulement quelques heures avant le début de la course : l’obligation de faire des relais de maximum 18 tours et donc de faire au moins trois arrêts. Si cette mesure a été prise car les pneumatiques de Pirelli étaient incapables de tenir le choc des vibreurs, elle a eu pour conséquence que les pilotes n’étaient pas contraints de baisser leur rythme en course mais pouvaient et devaient attaquer pendant toute la course, ce qui n’est plus le cas sur la plupart des courses.

Un simple aperçu de la feuille des temps permet de comprendre à quel point les pilotes ont été contraints d’attaquer pendant les 57 tours : le meilleur tour de Max Verstappen n’est qu’à six dixièmes de seconde du temps de sa pole position (1:24.319 vs 1:23.778). A Suzuka, l’écart était de plus de cinq secondes (1:34.183 vs 1:28.877) ! Un tel rythme a évidemment un impact sur la dépense énergétique et le niveau de transpiration des pilotes dans leurs combinaisons.

C’est donc bien la combinaison de ces quatre facteurs essentiels (température, humidité, forces G et rythme de qualification) qui ont conduits les pilotes à repousser leurs limites physiques alors qu’ils sont des athlètes de très haut niveau. C’est une problématique qui a déjà été expérimentée dans d’autres catégories de sports automobiles. Par exemple, c’est pour la sécurité des pilotes que la climatisation est désormais obligatoire dans les habitacles de toutes les voitures aux 24 heures du Mans et sur toutes les courses du WEC.

Les deux pilotes ont désormais deux semaines pour se remettre physiquement avant d’attaquer une triplette de courses comme la F1 en a le secret : Austin, Mexico, Brésil, avant d’enchainer Las Vegas et Abu Dhabi à une semaine d’intervalle !

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