Twitter : Lewis Hamilton a commis une "erreur de jugement" selon Whitmarsh
Actif sur le réseau social à l'oiseau bleu, Lewis Hamilton a été le centre, ce week-end, de plusieurs débats liés à quelques tweets qui, malgré leur durée de vie réduite, n'ont pas manqué de faire parler, à commencer par les dirigeants de sa propre écurie, McLaren.
Le week-end du Grand Prix de Belgique aura été celui de la victoire de Jenson Button et de l’abandon de Fernando Alonso, mais il semble aussi qu’il s’agisse du week-end des « erreurs de jugement ». Si celle commise par Romain Grosjean lors du départ de la course a éclipsé toutes les autres polémiques intra ou extra-sportives, Lewis Hamilton s’est rendu coupable d’une faute du même ordre, selon Martin Whitmarsh, le directeur de McLaren, lorsqu’il a posté sur le réseau social <i>Twitter</i> la photo d’une feuille de télémétrie comparant sa propre performance en qualification à celle de son coéquipier. Cette photo donne notamment des informations sur les réglages de la voiture, comme par exemple la hauteur de caisse de la McLaren.
Le Britannique, qui s’était déjà fait remarquer juste après la séance qualificative <a href="/f1/actualite/13922-lewis-hamilton-se-montre-frustre-sur-twitter-puis-supprime-ses-messages.html" target="_blank" title="">en postant deux tweets puis en les retirant</a>, n’a visiblement pas agi avec l’aval de son écurie. « Je pense qu’il a commis une erreur de jugement, et nous lui avons demandé de retirer [cette image] et il l’a fait », a ainsi déclaré Martin Whitmarsh à nos confrères d’<i>Autosport</i>. « Je pense qu’il a compris, et je ne pense pas que cela ait eu un impact sur son week-end ».
À la question de savoir si un tel comportement n’est pas une rupture de confidentialité, M. Whitmarsh se montre prudent : « Je ne pense pas… non. Il serait intéressant de voir comment les autres directeurs d’équipes auraient géré cela. Mais je pense que non, c’était une erreur de jugement, cela a été corrigé très rapidement et il s’est excusé. Passons à autre chose ». Interrogé sur le sujet, Christian Horner, le directeur de Red Bull Racing s’est montré plus ferme : « [Nos pilotes] n’auraient pas pu le faire. Ça aurait été une rupture de confidentialité, effectivement ». Quant au tweet à proprement parler, C. Horner indique ne pas l’avoir vu en détail : « S’il s’agissait des données des voitures, je suis sûr que chaque ingénieur dans la pitlane va y regarder de très près. »
Du côté de Paddy Lowe, le directeur technique de McLaren, c’est la symbolique derrière ce geste qui est mise en avant plus que le contenu des données dévoilées : « Internet a une mémoire infinie et je suis sûr que ce tweet a laissé des traces. Plusieurs ingénieurs m’ont questionné, ce n’était pas génial, mais en réalité il est plus sûr que nous ne partagions pas les données avec le monde. Ces données-là ne seront pas d’une grande utilité pour quiconque, je ne pense pas que beaucoup de mal soit fait. La vraie erreur que Lewis a commise, qu’il a comprise, c’est qu’il n’a pas vraiment tenu compte de la nature de cette information. Les ingénieurs n’aiment pas voir cela parce que nous passons nos vies à essayer de garder des choses comme cela secrètes. C’est pour ce que ça représente. »
Même son de cloche pour Jenson Button, auteur de la pole et vainqueur du Grand Prix à Spa, chez nos confrères du <i>Guardian</i> : « Nous travaillons très dur pour améliorer la voiture et garder des informations comme celles-ci secrètes et privées. Je ne veux pas voir ça sur Twitter. Il s’agissait de toute la télémétrie des qualifications. Ce n’était pas juste l’aileron arrière ». Lewis Hamilton s’était montré frustré par la différence de vitesse entre les deux voitures équipées d’ailerons arrière différents. Le champion du monde 2009 de poursuivre : « J’ai été très surpris et déçu. Maintenant, c’est fait. Je ne pense pas que c’est à moi d’être en colère contre Lewis. Ce n’est pas un truc personnel. » Au sujet des performances en qualifications, le Britannique ajoute : « La partie qui concerne le temps dans les lignes droites n’est pas la partie qui importe pour moi. Il aurait dû regagner ce temps dans les virages parce qu’il avait plus d’appuis. Et j’ai été huit dixièmes plus rapide quand même. »
Enfin, pour certains observateurs du F1 Circus, comme Gary Anderson, ancien ingénieur chez Jordan, Stewart et Jaguar, aujourd’hui consultant pour la <i>BBC</i>, L. Hamilton a fait preuve d’immaturité : « Je crois que le tour incroyable de Button, en Q2, qui était neuf dixièmes plus rapide que celui de Hamilton, a fait flipper Lewis. C’est comme si Hamilton ne pouvait pas lutter contre cela, il a manqué la Q3 et a commencé à tweeter des trucs stupides. »
Le consultant nord-irlandais de poursuivre, sur le site de la <i>BBC Sport</i> : « Hamilton n’est plus un enfant. Il a 27 ans, c’est un pilote de Grand Prix de premier plan et un ancien Champion du monde. Il a de la crédibilité, donc tweeter certains trucs comme il a fait samedi soir […] ce n’était pas très bon pour son image. Je dois dire que c’était puéril. S’il était mon pilote, il se serait fait enguirlander après le premier tweet, mais ça n’arrive plus aujourd’hui. C’est complètement inacceptable. Même si cela ne révèle rien de signifiant, ouvrir cette mine d’informations montre juste ô combien Hamilton est naïf, ô combien sa compréhension du film est petite. En F1, il faut garder ses secrets comme un écureuil garde ses noisettes. »