Frank Williams "adore la Formule Un" et engagerait volontiers Hamilton
Dans The Guardian, Frank Williams évoque le souvenir d’Alan Jones et d’Ayrton Senna tout en regardant le présent et l’avenir avec optimisme. Le Britannique, aujourd’hui âgé de 70 ans, défend le choix de ses pilotes pour 2012 – même s’il engagerait volontiers Lewis Hamilton – et estime que l’écurie est désormais entre de bonnes mains pour réussir à nouveau.
Dans un entretien accordé au journal britannique The Guardian, Frank Williams fondateur de la prestigieuse écurie éponyme, évoque les grands moments de l’histoire de son équipe et revient sur le présent où les hommes de Grove semblent de nouveau en mesure de flirter avec les sommets.
En Espagne, Frank Williams célébrait ainsi de la plus belle des manières son soixante-dixième anniversaire, grâce au succès de Pastor Maldonado. Un retour au premier plan qui coïncidait avec son retour actif aux rênes de l’écurie de Grove suite au départ d’Adam Parr, l’ancien président de Williams F1. Mais Frank Williams ne vit pas ce retour « forcé » aux affaires comme une contrainte : « Je travaille chaque jour de la semaine parce qu’il y a beaucoup à faire et que j’adore la Formule Un. Je ne suis simplement pas prêt à prendre un tournant spectaculaire dans ma vie, comme rester à la maison. » Et le Britannique d’ajouter : « Je préfèrerais qu’on ne me rappelle pas que j’ai 70 ans, mais je les ai. D’un autre côté, je suis trop occupé pour m’en soucier. »
Le natif de Jarrow peut d’autant moins se soucier de son âge grandissant qu’il a renoué, après une longue période de disette, avec la victoire : « Ce n’était que du soulagement. Le soulagement que la voiture ait à nouveau gagné après si longtemps. Puis est arrivée la préoccupation de pouvoir continuer à l’emporter. C’est pour cela qu’il n’y a pas eu d’autosatisfaction depuis. »
Au regard de son expérience, Frank Williams sait sans doute mieux que quiconque combien rien n’est jamais acquis, lui qui avait été écarté de sa propre écurie par Walter Wolf en 1976. Déterminé à réussir, Sir Frank avait alors décidé de tenter à nouveau sa chance en s’associant avec l’ingénieur Patrick Head, formant ainsi ce qui allait devenir l’une des plus grandes écuries de l’Histoire de la discipline. Le succès n’avait d’ailleurs pas tardé pour sonner à la porte de l’écurie Williams et son fondateur se souvient de la première victoire de son écurie, remportée par Clay Reggazzoni, à l’occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne 1979 : « Je ne suis pas du genre à m’émouvoir mais ce fut une expérience inoubliable. Ça faisait vraiment chaud au cœur et, même si c’est moi qui le dit, c’était un succès populaire. Ce fut vraiment un tournant pour Williams. »
Bien qu’il n’ait pas la réputation d’être toujours d’une grande tendresse avec ses pilotes, Frank Williams ne les garde pas moins en haute estime. Il garde notamment un souvenir ému d’Ayrton Senna qui, après seulement trois Grand Prix sous les couleurs de Williams, avait connu une fin tragique au volant d’une de ses voitures lors du triste Grand Prix de Saint-Marin 1994 : « Ayrton Senna était un grand homme. Il appartenait au peuple et était immensément populaire. C’était juste un jour triste pour des millions de personnes. J’en étais très ému parce que c’était une de nos voitures et qu’il était une personne si spéciale. Il était immensément charmant mais aussi dur, impitoyable et brillamment doué. »
Frank Williams se souvient également d’Alan Jones qui apporta à l’écurie, qui siégeait encore à Didcot, son tout premier sacre, en 1980 : « Alan Jones aussi était spécial. C’est un gars très amusant. Dur mais immensément doué. Il a remporté le championnat et ensuite il a tout simplement fait n’importe quoi. Il aurait pu gagner encore et encore. Il était aussi bon que ça. Mais c’était le genre de personne à ne pas s’attarder une fois l’objectif atteint. »
A l’approche de la saison 2012 nombreux étaient ceux, pleins d’espoir grâce au retour du moteur Renault, à regretter cependant que l’écurie de Grove ne dispose pas d’un meilleur duo de pilotes que celui formé par Pastor Maldonado et Bruno Senna. Pourtant, à Barcelone, le Vénézuélien a permis à son écurie de renouer avec des lauriers qu’elle n’avait plus côtoyés depuis 2004 et la victoire de Juan-Pablo Montoya au Brésil : « Pastor peut sembler insouciant mais il passe beaucoup de temps avec les ingénieurs et il est profondément sincère et dévoué à la course. Tous les mécaniciens communiquent bien avec lui et c’est un des principaux contributeurs [à la résurgence de Williams]. Il a 27 ans et la maturité est très importante. »
Quand à Bruno Senna que l’on dit sur un siège éjectable du côté de Grove, notamment à cause de ses fréquentes escapades hors piste, Frank Williams défend une nouvelle fois le choix de son écurie : « Ce n’est pas parce qu’il a le même nom ou encore le même talent qu’Ayrton. Bruno était simplement un bon candidat et une personne très intelligente. Il n’y pas de point négatif, juste quelques points positifs suffisants pour dire : « Oui, donnons lui une chance ! » »
Mais s’il avait le choix, quel pilote engagerait-il ? Sa réponse n’est guère surprenante : « Aujourd’hui, Vettel est très bon. Et Lewis Hamilton aussi. Si vous me disiez que tous les pilotes étaient libres et qu’ils étaient désireux de venir chez Williams, je vous dirais : « Envoyez Lewis ! » Je dis ça parce qu’il est anglais et que c’est un gagneur. Lewis ? Je l’accueillerais n’importe quand ! » Mais avant de pouvoir de nouveau attirer des champions du monde dans son écurie, Frank Williams sait que cette dernière doit pouvoir répondre à leurs attentes : « Ce que nous avons besoin c’est d’une voiture de course rapide. » Le septuagénaire estime cependant que son écurie est sur la bonne voie et qu’elle s’est entourée des bonnes personnes : « Nous avons engagé plusieurs bonnes personnes qui ont fait une vraie différence. »
Parmi ceux-ci figurent notamment Mike Coughlan, tristement rendu célèbre dans l’affaire d’espionnage de 2007, qui, sur le chemin de la rédemption, est devenu le concepteur en chef de Williams tandis que suite au départ de Sam Michael vers McLaren – où il est critiqué par certains médias britanniques -, Mark Gillan a été recruté en tant qu’ingénieur des opérations en chef : « L’écurie est désormais en de bonnes mains avec Mike qui est en charge du design et Mark des opérations en course. Ils nous aident à reprendre notre élan. »
Frank Williams assure cependant que Patrick Head, ingénieur emblématique de l’écurie parti couler une retraite bien méritée, n’est jamais bien loin : « Patrick peut nous dire : « Si j’étais vous, je ferais plutôt ceci que cela. » »