Peter Sauber répond aux questions

Dans ce monde de la F1, il est un homme qui a su s’effacer pour donner l’allant nécessaire à la réussite de son écurie : Peter Sauber. Il accepta ce choix lorsque BMW voulu courir sous son nom propre.

Aujourd’hui le constructeur allemand est parti et le légendaire patron suisse est revenu pour sauver un savoir faire, une équipe et des hommes.

Un début de saison compliqué et des changements dans l’organigramme, voilà les préoccupations d’une des figures du sport auto :

Question. Il y a deux jours James Key a repris le poste de directeur technique. Pourquoi l’avez-vous choisi?

Peter Sauber : «J’ai été impressionné par ce que Force India a réalisé ces derniers temps avec un budget serré. James Key a joué un rôle majeur dans ce projet et on voit où ils y en sont aujourd’hui. Pour moi, il est également important de nommer un directeur technique qui sait tirer le meilleur parti de ressources limitées. Il bénéficiera de l’infrastructure de première classe à Hinwil, je suis certain qu’il saura faire aller de l’avant l’équipe.»

Question. Quelles sont ses principales missions?

Peter Sauber : «Il débutera à Shanghai, où il aura toute la responsabilité technique sur le circuit. Dans le court terme, il mettra l’accent sur l’exploitation du plein potentiel de la C29, quelque chose que nous n’avons pas été en mesure de faire dans les trois premières courses de la saison. À plus long terme, il va mettre en place ce qu’il considère être la bonne structure pour le service technique. Je suis convaincu qu’il y aura des changements. Toutefois, ils ne seront pas du jour au lendemain . C’est un processus qui se qui prendra un certain temps.»

Question. Pourquoi ces changements nécessaires dans le département technique?

Peter Sauber : «En termes de performance, nous ne sommes pas là où nous nous espérions être, compte tenu des moyens que nous avons eu à notre disposition pour le développement de la C29. Je cherche des explications moi-même. Ce qui est clair, c’est qu’il y avait beaucoup d’incertitude autour de l’ensemble de l’équipe dans la deuxième moitié de 2009, ce qui n’est pas surprenant au vu des circonstances. Personne au sein de l’équipe savait si nous serions sur la grille à Bahreïn. Cette incertitude a disparu que lorsque j’ai repris l’équipe. Les gars pouvaient envisager leurs avenirs à nouveau. Maintenant nous avons le devoir de rattraper le temps perdu aussi rapidement que possible»

Question. Quelles sont les conditions pour cela?

Peter Sauber : «Nous assistons à un nouveau départ dans l’équipe, c’est un processus d’adaptation, il faut passer du fonctionnement d’un team officiel à celui d’une écurie indépendante. Nous avons réduit notre budget de 40% et nos effectifs de 1/3. C’est un énorme réduction. Toutefois, cette coupe franche concerne également les autres équipes car c’est une restriction imposée par la FOTA. Ce que nous avons à faire maintenant c’est de s’éloigner du modus operandi précédent et de mettre en place de nouvelles méthodes qui permettront de maximiser l’efficacité. Ceci s’applique non seulement au développement technique, mais aussi à la façon dont nous fonctionnons, par exemple, comment les ingénieurs travaillent avec nos deux nouveaux pilotes. C’est quelque chose qui demande du temps. James Key aura ainsi une grande variété de tâches à accomplir. En tant qu’organisation, tout est en place pour que nous revenions à nos valeurs initiales.»

Question. Willy Rampf sera tout prêt de la piste à Shanghai alors que la Malaisie a été son dernier Grand Prix en qualité de directeur technique. Qu’est-ce que cela signifie pour vous en tant que directeur de l’équipe?

Peter Sauber : «C’est la fin d’une époque. Willy a passé 14 ans avec l’équipe, dont dix en tant que directeur technique. Il a contribué à façonner la société et il y est pour beaucoup dans les succès de l’équipe au fil des ans. Willy a fait énormément pour notre équipe et je suis très reconnaissant envers lui.»

Question. Comment Willy Rampf est arrivé dans l’équipe?

Peter Sauber : «J’ai rencontré Willy en 1993 par l’intermédiaire de Leo Ress, notre directeur technique de l’époque. Il a invité Willy à notre tout premier Grand Prix à Kyalami. En ce temps là, Willy travaillait en Afrique du Sud en tant qu’ingénieur pour BMW. Quelques mois plus tard il a postulé et je l’ai pris comme ingénieur de course avec Heinz-Harald Frentzen.»

Question. Qu’est-il arrivé ensuite?

Peter Sauber : «En 1998, Willy retourna chez BMW à Munich, pour mener d’autres projets de l’entreprise notamment en moto pour le Paris-Dakar. Une fois de plus il a rapidement connu le succès. En 2000, il revint chez nous, et je l’ai nommé Directeur technique peu de temps après. Ce qui s’est avéré être un geste de bon augure. Dans sa première année complète en 2001, nous avons terminé quatrième au championnat des constructeurs, ce qui fut un très bon résultat pour nous. Willy a continué à faire valoir ses capacités techniques tout au long des années BMW Sauber F1 Team, au cours desquelles nous avons célébré la victoire avec un doublé au Canada. C’est vrai que Willy, en homme intelligent, avait déjà indiqué qu’il souhaitait envisager sa carrière autrement. il avait promis de rester jusqu’à ce que nous ayons trouvé quelqu’un pour prendre le relais. Avec l’arrivée de James Key, cette personne est maintenant en place. »

Le sage Peter Sauber sait qu’en nommant Key il joue la carte de la jeunesse avec un directeur technique qui vient d’avoir tout juste 38 ans. Il veut insuffler une dynamique nouvelle en revenant à une vraie identité d’écurie indépendante.