Les chefs de Mercedes ne blâment pas l’attitude d’Hamilton en course

Situation hautement paradoxale aujourd’hui au sein de l’équipe nouvellement triple championne du monde Pilotes /Constructeurs. L’attitude de Lewis Hamilton à Abu Dhabi a causé des grands moments de tension, comme en ont témoigné les échanges radios tout au long de la course. Directeur exécutif technique, Paddy Lowe a en personne pris le micro pour parler à son pilote :
Paddy Lowe : « Lewis, tu dois augmenter ton rythme, c’est un ordre. »
Lewis Hamilton : « J’ai perdu le championnat. Donc gagner la course, je m’en fous. »

Après coup, l’ex-responsable McLaren n’a pas voulu apporter un jugement brut sur la situation. A la question « Lewis Hamilton a t-il ignoré les ordres de l’équipe ? », ses propos furent très distants : « Je ne veux pas commenter le sujet. Qui connaissait le rythme réel de cette voiture ? Nous ne l’avons pas conduit nous-mêmes ! Je pense que c’était génial de voir Sebastian se rapprocher de nous, c’était une très bonne stratégie de Ferrari. Ce fut un travail haletant pour nous sur le muret des stands, avec ces derniers tours où Vettel aurait pu passer Nico ou même Lewis. »

Paddy Lowe a en fait préféré noyer le poisson : « Cette course montre bien ce qui rend la F1 si excitante ; dans la façon de construire un conflit, avec une équipe qui a des attentes forcément différentes par rapport à ses deux pilotes. Ils veulent tous les deux gagner alors que nous aussi, nous venons avant tout pour voir l’équipe gagner. »

De son côté, le boss en personne ne savait pas trop quoi penser de cette situation paradoxale : « Je suis un peu schizophrène ! » a ainsi dit Toto Wolff à l’arrivée de cette course folle. « Evidemment, nous avons une consigne qui stipule que chaque pilote doit obéir à une règle d’équipe. Mais il y a aussi le compétiteur qui est en moi et je me demandais pendant la course : Qu’est ce qu’il est en train de faire ? Il avait plusieurs stratégies, gagner avec de l’avance ou en jouer une autre, ralentir. C’est ce qu’il a décidé de faire. Je suis donc partagé. »

Au passage, il n’a pas manqué d’égratigner celui qui a soufflé à l’oreille de son pilote, le haut responsable de chez Red Bull : « Lewis a finalement suivi l’idée de Christian. Peut-être aurait-il aussi pu conduire à sa place tant qu’il y était !  »

L’Autrichien en a également profité pour rappeler la mentalité de l’équipe Mercedes : « Nous pouvons aussi les laisser avec moins de règles, la conséquence serait alors que nous n’aurions pas gagné autant de courses et de championnats ! Nous avons une philosophie : nous n’intervenons pas, autant que possible, tout en préservant nos chances de victoire. En course aujourd’hui, nous avons calculé que nous aurions pu perdre la course car Lewis allant de moins en moins vite. »

En fait, Toto Wolff était quand même plus proche de la compréhension que du rejet face à l’attitude de son triple champion du monde. Il déclara même après coup au micro de Canal+:« J’ai une certaine compréhension pour ce q’il a fait. »
Intéressantes furent également les réactions d’Alain Prost, toujours dans l’émission « Formula One ».
« Dans le règlement, rien ne stipule que vous n’êtes pas obligés d’aller au bout de vos possibilités. Il faut juste que ce ne soit pas dangereux. C’était bien fait. J’ai eu peur qu’il fasse quelque chose de « sale » à la fin mais il ne l’a pas fait, c’est top »

De même, Wolff mit en revanche en valeur son autre protégé, nouveau champion du monde  : « Nico avait plus de rythme. Il est aussi resté très cool, malgré la pression. Peut-être aurait-il pu se pousser pour dépasser. Mais vous savez, c’est difficile de trouver une solution à chaque situation. »

Pour finir, Niki Lauda n’a pas non plus souhaité s’épancher sur la tactique d’Hamilton. L’ex-pilote s’entretiendra malgré tout avec lui afin de connaitre sa position.

Ainsi, ces réactions montrent bien que Mercedes joue la carte de l’apparente unité. Désormais, il faudra gérer l’ego de deux pilotes champions du monde de Formule 1. De nouvelles sources de tensions sont donc à prévoir pour 2017, dans le cas où Mercedes domine encore la discipline reine des sports mécaniques…